Chaque année, début septembre, le feed des réseaux sociaux est rempli de faits de rentrée, de photos d’enfants souriants de leurs quelques dents, se tenant fièrement sur le perron de leur porte ou sur la route de l’école. Chaque année, c’est un flot ininterrompu de mamans qui sont émues, de papas qui sont fiers, et d’enfants qui franchissent une nouvelle étape.
A vrai dire, chaque année, je me dis « c’est parti ». Cette année, c’était réellement parti.
Pour une fois, voir le défilé de cartables m’a paru beaucoup plus émouvant. Parmi ces enfants, les trois quarts avaient l’âge de mon Lardon, j’ai vu ces petits grandir en même temps que le mien, et le quart restant n’étaient que des choupinous il y a encore trois ans. Pour une fois, ces sourires crispés devant les smartphones de leur maman me mettaient la larme à l’oeil.
Cette année, c’était ma première rentrée en tant que maman. Mais c’était surtout la sienne. Concernant mon Lardon, il a semblé s’être entièrement adapté à son environnement. Le déposer à l’école a été d’une telle simplicité qu’on s’est retrouvé nous-mêmes plus élèves que lui, en demandant à la maîtresse l’autorisation de partir (ben.. concrètement on n’avait rien à faire là puisque le Lardon vivait sa vie!). Mais cela prendra quand même quelque temps pour qu’il se fasse au rythme et aux règles de l’école. Par exemple, il était en manque de ses parents alors il a tenté de s’enfuir de la classe. Comme sa maman à son âge, tiens.
Mais de mon point de vue de maman ?
J’ai mis quelques jours à comprendre que je pleurais pour rien à cause de la rentrée, ces derniers jours. Cette boule dans ma gorge qui amplifiait, me serrait.. ça ne pouvait plus durer. Il fallait que je fasse un tête à tête avec moi-même et que j’extériorise mes angoisses parce que sinon, c’était bon pour un déluge le Jour J. Et j’ai même pas pleuré ! OUAIS !
Lisant dans mes pensée, ma meilleure amie m’a sondée pour savoir précisément ce qui n’allait pas.. Et les mots mêlés aux larmes ont coulé.
Difficile de poser des structures de phrases sur un ressenti, un sentiment. Rien ne me semblait assez explicite, assez franc pour décrire ce qui se passait en moi. J’étais bouleversée. Ni parce qu’il grandit (je suis fière !) ni parce qu’il va passer ses journées avec d’autres que moi (ça lui ouvre les portes du vaste monde), ni parce qu’il va à l’école et que ça soulève dans ma mémoire des souvenirs pas particulièrement bons (même si c’est vrai que ça me fait angoisser, j’essaie de ne pas faire de transfert.. Tant de choses diffèrent entre lui et moi, il n’y a pas de raison qu’il subisse autant)… Non, pour toute autre chose.
J’admets que je me suis sentie un peu extra-terrestre face à toutes ces mamans qui avaient hâte de les voir rentrer à l’école. Par fierté, par besoin de calme, par envie de moment à soi, pour plein de raisons toutes aussi bonnes les unes que les autres, que je ressens également. Mais tellement plus faible que ce sentiment qui me hante !
Tout le monde le sait, mes enfants sont mon Monde. J’assume de considérer mon fils comme un morceau de mon être, comme un bout de mon âme qui s’échappe lorsqu’il est loin de moi. Je ne serai pas une mère intrusive, trop présente, étouffante dans sa vie, du moins je vais faire mon maximum. Je suis juste une mère folle d’amour pour son petit garçon, qui ne se sent pas entière quand il n’est pas là. C’est un sentiment avec lequel je dois apprendre à vivre, parce que c’est la base de ce qui fait une bonne maman.
En ce jour de rentrée, je n’ai jamais eu autant d’empathie pour ma mère. Parce que, la connaissant, et me rappelant très bien la façon dont on a été élevés et comme elle s’est investie corps et âme, j’imagine ce sentiment multiplié par cinq, et amplifiant d’année en année, d’étape en étape. Ce sentiment d’éloignement, cette peur d’être oubliée, laissée de côté, alors qu’ils sont ce que l’on a de plus cher.
Je n’ai pas fait des enfants pour qu’ils ne restent qu’avec moi, et ce n’est pas le sujet de cet article. Je ne suis pas nostalgique de ses années bébés (même s’il était TROGNON), je ne suis pas triste de le voir grandir, de me voir vieillir, non, rien de tout cela. J’avais juste envie d’écrire tout haut ce que (j’espère) quelques mamans pensent tout bas. On va bientôt découvrir qu’ils ne nous aimerons que plus fort en constatant qu’ils ne sont pas le centre du monde, mais le centre du nôtre (merci Virgi). Mais ça ne m’empêche pas d’écrire, ici, face à la toile, face à mon petit Monde, que j’assume, je proclame, je suis une maman accro, et ils sont la continuité de mon être. Et, malgré les 172 passions qui me dévorent et les quelques 2000 projets en cours, sans eux, je ne suis pas vraiment moi.
On n’aimerait pas les garder avec nous à vie, non. Mais on ne peut pas nous reprocher de les aimer trop fort pour que ça nous fasse plaisir de les voir partir. Oui, j’en fais tout un cinéma parce qu’il ne se marie pas encore, mais c’est parce que la rentrée est un point de départ que ça me fait cogiter sur le long chemin qu’il va bientôt emprunter. Bien entendu, je suis heureuse. Je le vois grandir, et c’est le plus beau cadeau du monde. J’ai hâte d’être témoin de ses premières fiertés, de l’accompagner dans les évènements marquants de sa vie. J’ai hâte qu’il m’annonce qu’il part de la maison, et de le voir embarquer sa Stokke comme seul objet qui lui rappellera son enfance. J’ai hâte, c’est promis. Mais mon coeur de maman pleure.
Emue aux larmes , encore 🙂 il est si vrai et si beau ce texte j’ai pensé à toi et à Axel toute la journée <3
Émue aux larmes aussi… Quand je pense qu’il m’arrive souvent de coucher mon petit de 4 mois avec ma gorge serrée parce que… C’est loin le lendemain matin xD je n’ose pas imaginer ce que ça va être oO
Enfin voilà, un gros obstacle de passé ! Tu mettras sûrement plus de temps que lui a t’adapter, mais ça va aller ?
Comme je te comprends. Moi aussi j’ai pensé à Axel et à toi toute la journée. Ton message m’a fait penser à tous les premiers départs de mes enfants, et principalement en ce jour de première rentrée d’Axel, à tous les départs de son papa et à celui, important pour moi, de la construction de sa vie d’homme grâce à votre rencontre et à la création de votre si jolie famille même si cela l’a éloigné de moi
C’est mon ressenti tous les matins en l’a déposant à l’école ! Courage ! C’est tellement beau aussi de les voir grandir.
J’adore la photo, tellement forte et symbolique. Bouleversante.
Je comprends bien ce que tu exprimes, même si je ne crois pas une seconde à ta dernière promesse, mais tu as bien, bien le temps de voir venir.
Et n’oublie pas le papa. Même si nous n’exprimons pas les sentiments de la même manière que les mamans, ce sont aussi des moments très forts (et vivaces dans les mémoires)
Bisous
Tu me connais si bien héhé.
Oui, le papa.. Je n’ai pas voulu m’étendre sur le sujet, mais tu le sais, il a presqu’été plus touché que moi !
Merci pour ton commentaire, ça me touche <3 Love you