Une petite cuillère. Cet ustensile si innocent, celui qui effleure pour la première fois les lèvres du bébé lorsqu’il apprend à découvrir les saveurs. Ce petit bout de métal avec lequel on tape sur le rebord d’un verre pour porter un toast. Une cuillère, ça s’élève au rang de la créativité, de l’imagination : c’est arrondi, cela contient ce qui ne peut être déposé sur la lame d’un canif, c’est doux et c’est accueillant. C’est l’inverse d’une lame froide et coupante, vive et précise. Violente, pointue, professionnelle, qui va droit au but. Pragmatique et efficace. C’est l’inverse d’un couteau.
Dans la vie, il y a deux types de personnes. Ceux qui mangent le Nutella à la cuillère, et ceux qui étalent au couteau.
Et puis, y’a aussi ceux qui ne mangent pas de Nutella : extérieurs au débat. Ils s’en battent les écoutilles.
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La team petite cuillère est celle qui va interpréter tout et n’importe quoi. Le moindre message du chéri. Le moindre cri du bébé. C’est celle qui va faire passer la compréhension de ce qu’elle est en train de vivre avant le plaisir de le vivre. Elle a besoin de comprendre les choses. Le fonctionnement. La vie. Elle transforme le moindre moment du quotidien en psychanalyse de salle d’attente de pédiatre, en matière à papoter avec les copines. En blabla plus ou moins intéressant, plus ou moins justifié, plus ou moins sensé.
La team couteau ne se pose pas de question. Elle fait. Elle vit. Elle est dans l’instant. Elle apprécie. Une bonne petite épicurienne. Une personnalité (sans être menfoutiste) qui ne s’arrête pas sur les petits détails insignifiants (et a parfois même du mal à ressentir des émotions extrêmes face aux événements beaucoup plus signifiants). La team couteau peut paraître froide, mais elle a un grand cœur. Elle aime différemment. Elle aime aussi intensément, mais elle n’explose pas. Elle préfère l’intimité aux expansions en public. Elle n’est pas du genre à mettre du Nutella partout. Elle tamponne sa bouche d’un coin de serviette.
Chez les mamans, comme un peu partout, il y a aussi des cuillères et des couteaux. Des mamans, face à leur enfant, qui ne peuvent pas se contenter de dire « il fait une colère », « ça lui passera », « il fait ça quand il y a du monde », « laisse, ignore », parce qu’il y a un sens à ses pleurs, ses cris, ses roulades par terre. Il y a une énigme que la cuillère va vouloir décoder. Elle ne peut pas se contenter de le laisser pleurer, et de passer à autre chose. Non. Parce qu’elle veut comprendre. Interpréter. Résoudre. Lorsque le Couteau se dira que c’est une passade, ou tentera de calmer les cris sans nécessairement passer par la case du « pourquoi », directement « puisque…donc »
La cuillère pose des mots sur des gestes, des cris. Elle essaie de ressentir, de décrire, de saisir la réalité de la situation.
Le couteau constate. Réagit. Agit. Ne passe pas par quatre chemins. Action-Réaction.
La cuillère semble se poser beaucoup de question, essayer de résoudre des soucis qui n’en sont pas parce que « c’est la vie » (comme le dit si justement le couteau)
Oui, la cuillère est une « maman qui se prend la tête », quand le couteau se contente de laisser couler. Mais la vérité c’est que la cuillère essaie de comprendre quand le couteau tente de faire cesser.
Pour le couteau, l’importance principale est de bien élever son enfant. Qu’il se comporte bien en société. Qu’il soit capable de comprendre les règles de bienséance. Qu’il exécute parfaitement des consignes. Une méthode « à l’ancienne » qui a toujours fait ses preuves, et qui continue de le faire. Avec amour et fermeté, sans poser de questions, l’éducation du couteau est un peu plus militaire que celle de la cuillère.
Pour la cuillère, l’important est de s’efforcer de cerner son enfant (lorsqu’il crise, ou non), c’est essayer de se connecter à lui. De saisir ses intentions. Et, que ce soient les bonnes ou non, ce qui importe, c’est de tenter de comprendre ce qu’il crie.
TEAM CUILLERE ! En tout cas pour le Nutella. Pour ce qui est d’être maman, c’est trop nouveau pour moi 😀 (il faudrait que j’arrête de dire que c’est nouveau, ça va quand même faire 6 mois :o)
C’est tout à fait ça !! 🙂 Moi je suis de la team couteau… Et si j’étais maman… Je serais effectivement une maman couteau ! 🙂
Encore bravo pour cette analyse si fine et si précise de nous même… 🙂
Bisous
Emma
Avant j’étais couteau, et maintenant cuillère (enfin je parle pour le nutella lol)
belle analyse, j’adore!
Team couteau pour le nutella mais j’ai bien l’impression que je serai plutôt une maman cuillère !
Je suis une cuillère et ça me represente vraiment. Et d’ailleurs je suis sûre que je serais là maman que tu expliques 🙂 ton article est dingue !
Team Cuillère pour le Nutella et comme maman ! Et en fait dans la vie en général !
J’adore ton article !
Alors bon, même si je ne mange-presque-pas de nuttella ( la forêt, les orang-outan toussa toussa…Enfin, surtout les kilos , faut être honnête!) je ne m’en bat pas les écoutilles hein!
Cuillère ou couteau, finalement, dans la vie comme dans la cuisine, l’un ne va pas sans l’autre. On aurai l’air assez con avec notre couteau face au bol de soupe et avec notre cuillère face au rôti de bœuf.
Je crois que je suis de la team couteau…mais couteau frustré, Le couteau qui regarde la cuillère du coin de l’œil, un peu jaloux…
Alors j’essaie autant que possible de devenir un couteau multifonctions, de ce type de couteau suisse, spécial camping, ou la cuillère est de l’autre côté du manche!
Pfiou j’ai enfin pris le temps de lire ton article et je suis un peu les deux
Team couteau en tant que femme et team mixte en tant que maman je pense (j’espère ?)