Devenir maman, c’est un bouleversement, en soi. Au moins de ses habitudes.
Mais il n’y a pas qu’une seule façon d’être bouleversée par l’arrivée du bébé. Et il me fallait parler de quelque chose qui m’a pas mal perturbée ces derniers temps, au fil de mes lectures de billets de blog.
J’ai un complexe de la mère « innée »
Je n’arrive pas à trouver d’autre mot pour expliquer : en fait, c’est le terme que j’ai trouvé pour définir les mamans qui ne se questionnent pas, qui sont juste heureuses d’avoir leur bébé et qui se laissent vivre en suivant son rythme. Celle pour laquelle c’est si naturel qu’il n’y a pas besoin de remettre le Monde en question, juste profiter. (Cette maman que je ne suis plus, vous vous en doutez bien, mais que j’ai été).
Je suis devenue maman. Point.
L’arrivée de mon premier fils et de mon second n’a pas résonné du tout de la même façon en moi. Quand je suis devenue mère, je n’ai PAS eu toutes ces questions qui ont fusé dans mon esprit. Peut-être parce que c’était un bébé surprise ? Peut-être parce que devenir maman c’était le but de ma vie, et que je l’avais enfin atteint ?
Comme j’étais sa maman, je ne pouvais être que la meilleure pour lui.
Je n’ai pas cherché plus loin. Qu’importe mes choix, qu’importe ses messages à travers ses pleurs, je ne me suis pas posé de questions. J’ai fait le choix de ne pas l’allaiter, ce n’était pas un choix pour une bonne raison (j’avais la trouille. C’est tout.) , mais je n’ai pas culpabilisé (sur le coup). J’ai fait le choix de le porter, parce que je trouvais ça cool, j’ai fait le choix d’avoir un parc, parce que je pensais que ça lui plaisait. J’ai fait des choix un peu en fonction de lui, beaucoup en fonction de ce que j’avais entendu et appris, de ce qui me parlait.
Sa première année s’est déroulée comme un film au cinéma, tout facilement, tout naturellement, sans encombre. Je ne dis pas là qu’il a fait ses nuits à deux semaines et qu’il n’a jamais bronché, j’exprime juste le fait qu’à aucun moment dans sa vie de bébé, je n’ai ressenti le besoin de parler de ce qui se passait dans ma tête (parce qu’il s’y passait rien haha) et d’intégrer des groupes de conversations de mamans, voire d’ouvrir un blog pour exprimer mes maux et mes idées.
Naturelle, Instinctive, Maman.
Je le voyais évoluer, j’en étais fière, je partageais nos découvertes ensemble, et ça me suffisait.
De façon innée, comme une maman chat devient maman de sa portée, je le lavais, le nourrissais, jouais avec lui, j’étais là pour lui, on était même fusionnels, mais je ne me suis jamais posé de questions. Puis, a commencé la phase de frustration, et tout a basculé ^^ Là, les questions sont arrivées, et avec elles, ma métamorphose, doucement mais sûrement.
A force de lecture, donc, et parce que j’ai changé, j’ai fini par culpabiliser. C’est une question qu’on m’a posée qui m’a fait me rendre compte : lorsqu’on m’a demandé pourquoi je n’avais rien dit. Pourquoi je n’avais pas prévenu, pourquoi j’avais gardé pour moi à quel point c’était difficile.
Je lui ai dit « désolée »
Elle m’a dit « de quoi ? de me l’avoir caché ? »
Et moi j’ai dit « non, de ne pas l’avoir ressenti. »
Lardon était pourtant un bébé tout à fait ordinaire ! Mais à aucun moment je n’ai été dans le même état que toutes ces mères (et que moi-même avec mon Champi) nous sommes, à nous poser mille et unes questions, à se demander si on fait convenablement, si on ne va pas les perturber à vie, si ce qu’on leur apporte sera une base assez solide pour qu’ils soient des adultes épanouis.
Pourquoi suis-je passée d’une maman innée à une maman qui se pose trop de questions ? Est-ce une question d’âge ? Est-ce que faire des enfants en approchant la trentaine nous pousse à être plus « consciente » de tout l’enjeu ? Est-ce parce que je désirais terriblement un deuxième enfant ? Je ne sais pas, mais je me dis que face aux lectures des femmes qui sont devenues mères, et qui racontent toutes le même bouleversement, la même façon d’envisager le monde, le changement radical, les positionnements qui se déplacent… Je me suis dit « mais moi, ça ne m’a pas fait tout ça. J’étais juste heureuse d’être maman. Et j’ai assuré mon rôle, du mieux que j’ai pu, de la seule et unique façon, en aimant inconditionnellement ». Et ce n’est pas parce que je n’étais pas aussi instruite concernant la bienveillance que j’étais mauvaise, ou que je ne répondais pas à ses attentes, je ne pense pas.
Je me dis alors que toutes ces mamans qui n’ont pas vécu cette espèce d’épiphanie de la délivrance doivent se dire, en sourdine « mais je suis pas normale, pourquoi moi j’me dis pas tout ça? Pourquoi chez moi ça a ressemblé à un écho de continuité de ma vie, et pas de rupture? »
Etant des deux côtés à la fois, du moins, ayant vécu les deux façon d’encaisser l’arrivée d’un enfant, je me demandais si c’était sain de ne pas se poser trop de questions. Et si c’était sain de ne jamais arrêter son cerveau d’en produire.
Je crois que rien ne sera jamais assez bon pour nos enfants.
Je crois qu’on ne sera jamais vraiment à la hauteur de nos espérances (pour nous, pas pour nos gosses)
Je crois qu’on pourra toujours mieux faire, toujours apprendre, toujours évoluer.
Mais surtout, je crois qu’une bonne mère, c’est une mère qui fait passer les besoins et les messages de son enfant avant les siens, qu’elle se pose des questions ou non. Qu’elle fasse partie de la team bienveillance, ou de la team jmeprendspaslatete.
J’espère que la lecture de billets de blog n’influe pas trop (mal) sur la confiance en soi, parce que le but de ces échanges, c’est avant tout de montrer que nous ne sommes pas seules, de donner des pistes pour des désamorçage de conflits, de proposer des choses pour grandir et s’épanouir… C’est du partage et de l’amour. Ce n’est pas du jugement et de l’intolérance.
De la plus belle façon possible : avec amour
Les mamans qui en ont chié à l’arrivée de leur bébé, et qui font remarquer à leurs aînées de ne pas les avoir prévenues : sachez qu’on n’a pas nécessairement vécu cela de la même façon ! Peut-être que dans votre entourage, les mamans se sont juste laissées portées par le courant de la vie, ou ont occulté les souvenirs désagréables (ce qui est fort fort possible!)
Les mamans qui se disent qu’elles ont ptêt pas été à la hauteur d’avoir ressenti l’arrivée de leur enfant comme un bonheur indicible sans la moindre once de trouille ça ne veut pas dire que vous n’êtes pas dans le juste. Faut pas non plus se laisser emporter par les cris du cœurs des jeunes mamans bienveillantes !
On a le droit de pas être toutes sorties du même moule.
… Et Florence Foresti ne m’a pas fait signer de contrat pour dire ça xD Continuez à faire des enfants, continuez à vous poser des questions, ou pas, mais continuons à vivre dans une petite famille harmonieuse, c’est bien là le principal.
Je comprends ! (Et désolée d’avoir largement participé à ton complexe !)
Mais moi j’ai toujours trouvé ça beau d’être une maman qui se laisse porter par le côté naturel, du moment qu’elle y met tout son amour !
Mais oui, se remettre en questions c’est essentiel à tous !
Alors finalement, il faudrait ptet faire partie de la #teampileaumilieu 😀
Love
J’ai beaucoup apprécié ton article.
Durant la première année je ne me suis pas tellement posé de questions avec mon fils.
Mais maintenant qu’il est dans cette phase d’opposition tout est plus compliqué…
Je rentre facilement en conflit avec lui et je ne cesse de me remettre en question chaque fois que j’ouvre la bouche j’ai l’impression que ce que je dis peut lui créer des blessures, des mauvais souvenirs ou perturber son avenir.
Je crois que je me mets la pression toute seule.
Je pense aussi que je ne cesse de psychoter sur le fait que je suis une bonne maman car les blogs et les groupes de conversations me font pas mal culpabiliser.
J’ai pas allaité, j’ai pas porté, j’suis pas branché bio ni homéo et sa chambre ne ressemble pas à un catalogue Maisons du Monde…mais ce n’est pas le plus important car comme tu l’as dit le principal est de vivre dans une petite famille harmonieuse.
Difficile de juger si je suis une bonne maman, je me torture beaucoup à ce sujet.
Mais j’en viens toujours à la même conclusion : « j’suis pas parfaite, je dis souvent des vilains mots et d’ailleurs mes gosses qu’est-ce que j’les aiment putain » !
Mais tant que je les prends en photo et que je peux lire la joie et l’amour sur leur visage, alors je me dis que je peux dormir en paix.
Haha c’est quand même un peu tordu de se poser des questions sur le fait qu’on ne s’en pose pas!
Moi je fais partie des mères angoissées à la grossesse angoissante et à l’amour maternelle qui a dû s’apprendre au fur et à mesure (non l’accouchement n’a pas été le plus beau de ma vie et je n’ai pas aimé mon bébé tout de suite). Je ne me suis jamais dis que c’était anormale, je me connais, je savais bien que ça serait comme ça. Ca me rend un peu triste parfois mais pas longtemps. Par contre j’espère que si je suis à nouveau maman les choses se passeront dans la sérénité et le lâcher prise 🙂
Je suis une torturée xD