Hier, je vous ai proposé un billet pour s’initier au terme de « période sensible » de Maria Montessori.
Comme il était trop long (#sorrynotsorry), je l’ai scindé en deux pour une meilleure lisibilité.
Vous pouvez le lire en cliquant sur ce lien, mais voici un immense résumé :
Selon Maria Montessori (1870-1952) médecin, pédagogue et philosophe qu’on ne présente plus (mais que je m’acharne à présenter quand même XD) l’enfant a un esprit absorbant. Il est capable de rester concentré et d’ingérer une quantité d’informations exceptionnelles, dans la mesure où cela entre dans sa période sensible du moment. Maria Montessori en a déterminé six :
- La période sensible de l’ordre, où l’enfant classe et trie
- La période sensible du raffinement des sens, où l’enfant affine ses sens, développe ses capacités intellectuelles via le concret du sensoriel
- La période sensible de la coordination des mouvements, où l’enfant apprend à faire bon usage de son corps, que ce soit dans son ensemble ou dans la précision des gestes
- La période sensible du langage, où l’enfant enregistre le vocabulaire puis le retransmet
- La période sensible du développement social, où l’enfant à besoin de faire seul, ou au contraire d’appartenir à un groupe
- La période sensible des petits détails, période coute où l’enfant se focalise sur d’insignifiants (pour nous XD) détails
Voici donc le côté pratique du sujet !
Propositions pour un enfant en période sensible de l’ordre
- La mise en place de routines est très efficace. Les routines permettent de se repérer dans le temps et l’espace, et sont une vraie bouée de sauvetage pour l’enfant dans ce vaste océan qu’est la vie ! Grâce à la constance des journées, l’enfant se rassure, comprend mieux et est plus serein. Au passage, il acquiert le principe du temps et de l’espace. Cela lui permet d’exister à part entière, et à se détacher de sa maman (les premiers mois, l’enfant ne comprend pas qu’il n’est pas sa mère, d’où l’angoisse de la séparation par exemple.)
- Un rangement précis : Plusieurs méthodes: soit on a mille et un jeux pour son tout-petit, et dans ce cas-là, on peut les ranger dans une armoire fermée et sortir que quelques jeux et livres qu’il semble apprécier particulièrement à ce moment-là (en organisant ensuite un roulement de jeux s’il se lasse ou se désintéresse). C’est encore mieux si les jouets sont accessibles en autonomie car comme cela il peut les ranger (ça fait vraiment partie de son kiff dans la période sensible de l’ordre, pas d’exploitation ahah !) . Si on n’a pas beaucoup de jeux, pas la peine de faire de roulement, on peut juste mettre les quelques jeux à disposition, en prenant soin que chacun d’eux ait une place dédiée. Il s’en rendra vite compte par lui même.
On peut même jouer ainsi avec lui quand c’est le bazar : « où va le puzzle de la ferme à ton avis? » « vois-tu quelque chose qui n’est pas à sa place? »
On peut également coller des étiquettes pour aider au rangement autonome ! - Eviter la crise du gobelet bleu : On essaie de comprendre. Lorsqu’il se met d’un coup dans un état démesuré, c’est important de se demander (avant de perdre son sang-froid) pourquoi il crise, avec cette méthode j’ai désamorcé des centaines de frustrations parce que si on est capable de saisir le message derrière les cris, on calme directement la frustration ! Ce n’est pas répondre à un caprice, c’est entendre son enfant. On fait bien sûr au mieux avec l’état dans lequel on est à ce moment précis, mais c’est un super outil qui permet à la fois de respecter la période sensible de son enfant et de créer de la complicité, de l’amour et du respect !
- Proposer des jeux de discrimination visuelle, c’est-à-dire où l’on peut classer par couleur, par taille, par forme… Les enfants en période sensible de l’ordre aiment quand tout est classé !
Propositions pour un enfant en période sensible du raffinement des sens
- Trouver (ou fabriquer) jeux qui isolent un des cinq sens (bon en général on se retrouve souvent face à deux ou trois sens, c’est difficile de n’avoir qu’un seul sens, mais plus c’est épuré, mieux c’est pour que l’enfant se concentre sur un domaine spécifique). Mais on peut par exemple taper sur un tambourin régulièrement et observer le comportement du bébé, on peut également lui faire toucher différentes textures de tissu (là par exemple s’ils sont de la même couleur, seul le toucher est concerné, s’ils sont de couleurs différentes, on attire la vue et le toucher en même temps), mettre des objets dans un sac pour lui faire deviner ce qu’il a dans les mains rien qu’au toucher, etc.
- Les jeux de mise en paire, que vous pouvez trouver sur ce blog ou d’autres exemples dans mon futur recueil d’activités ^^
- Jouer avec les saveurs, les odeurs, faire découvrir n’importe où, n’importe quand aux enfants les merveilles qui nous entourent. Tout (absolument tout) ce qui est au sein de notre maison est lié aux sens. A part les objets interdits, le reste est digne d’exploration ! Ne pas hésiter à s’arrêter pour regarder ou sentir une fleur, pour goûter à un fruit, pour toucher la texture d’un mur…
Propositions pour un enfant en période sensible de la coordination des mouvements
- Motricité Globale : Bouger, se dépenser, explorer les limites de son corps
- l’emmener jouer un maximum dehors (courir, grimper, se rouler… On s’en fiche qu’il soit tout sale, non?)
- le laisser en motricité libre (c’est-à-dire qu’on le laisse tenter de se retourner seul, de s’asseoir seul, de marcher ET de tomber seul…) C’est souvent plus facile à dire qu’à faire mais quelle fierté, quelle confiance en lui on lui offre en étant juste un soutien qui observe et encourage ! <3
- éviter si possible les objets de puériculture qui limitent les mouvements : alors oui on fait au mieux hein, quand on a des enfants en bas-âge rapprochés ou des jumeaux, des triplés.. C’est pas toujours facile de leur courir tout le temps après ou de ne pas craindre une bêtise qui pourrait les mettre en danger ! Mais les transats nuisent au développement moteur de l’enfant (l’y caler 10mn par-ci par-là c’est pas dramatique, le temps d’aller faire pipi ou de prendre une douche, il faut bien qu’ils soient sécurisés et pas en train de faire tapis de bain sur le sol glissant !) les trotteurs sont mauvais pour la posture du bébé (avec cette position mi assise mi debout anti naturelle), les parcs limitent les mouvements de déplacement comme ramper, rouler, ou se carapater, etc.
Ce n’est bien sûr pas pour crucifier ceux qui utilisent ce genre de matériel que j’écris ce point-là, mais pour parler de l’inverse : la motricité libre, ça fait beaucoup de bien au bébé ! Moi aussi je me suis servie de ce matériel avec mes garçons. Par facilité, par croyance erronnée, par « habitude », parce qu’on écoute comment on faisait avant… Mais j’ai fait au mieux. On fait au mieux. Vous faites au mieux. Tout le monde fait selon ses croyances, ses capacités et ses possibilités ! - Lui proposer des parcours motricité fait maison ou des séances de yoga pour enfant !
- Sécuriser un périmètre pour permettre aux enfants d’explorer sans danger. Oui, je sais, c’est controversé chez beaucoup d’adultes, mais je suis partisane du mouvement « c’est l’adulte qui s’adapte à l’enfant » et pas l’inverse. Chez moi, ça ressemblait déjà à une crèche avant d’être ass mat, parce que j’avais créé un espace à hauteur des Zouilles, sans fil qui traîne, dans objet qui casse, et si mes enfants faisaient une « bêtise » en grimpant sur quelque chose et se mettant en danger, j’avais deux solutions : soit je ravalais ma trouille, je parais mon enfant en lui disant que j’étais là et que j’avais confiance en lui pour qu’il finisse son exploration, puis je lui expliquais que c’est dangereux de monter en hauteur quand maman n’est pas près de lui, pour ne pas qu’il fasse ça quand j’ai le dos tourné (et croyez-moi, je n’ai jamais eu d’incident avec mes zouilles à ce niveau), soit je trouvais ça trop dangereux, je disais un « stop » très audible (en général, ils se figent), et je lui expliquais en quoi c’était dangereux. Dans tous les cas, je touche du bois, je n’ai jamais eu de gros incident à ce niveau.
Et, oui, ça demande une attention constante, mais même dans un parc, même dans un transat, même dans un trotteur, laisser le bébé sans surveillance c’est une super mauvaise idée qui craint xD
J’ai vécu 2 accidents avec mon Hibou : le premier, il est tombé du lit de son frère parce qu’il s’était mis debout dessus, j’avais beau être pas loin, je n’ai pas eu le bras assez long (il avait quelque chose comme 1 an), et le deuxième il était sur mes épaules et c’était de ma faute. Ce n’est pas de la faute de la motricité libre, dans les deux cas c’était de la mienne. Pour le premier exemple, je n’étais pas en parade donc je l’ai laissé se mettre en danger (et ça nous a valu la règle « sur les lits, on est assis ou allongé »[sauf pour les lits au sol où on s’en carre un peu] ) et dans l’autre cas, c’était une maladresse de maman avec pas assez de mains, mais je suis traumatisée à vie.
- Motricité Fine : Dextérité, Agilité des mains, apprendre à se servir de ses doigts avec précision
- On peut créer des abaques (c’est comme ça qu’on dit? voir photo ci-dessus) avec une boule de patafix, un spaghetto (des spaghetti XD) et des céréales cherios par exemple (principe d’enfilage de perles), ou acheter de grosses perles en bois (voir la photo au-dessus de la catégorie « mouvement »)
- Faire passer un lacet ou un fil de laine dans une planche (en carton) percée au préalable de quelques trous
- Un bol, des pinces à linge pincées sur le bol, et on invite l’enfant à retirer les pinces et les mettre dans le bol, puis inversement
- Des haricots secs, des marrons des perles d’eau dans un bol, des pinces type pince à escargot ou grosse pince à motricité (ça existe dans le commerce), et on va à la pêche !
- On peut aussi fabriquer des cadres d’habillement montessori (quand j’aurais fait les miens je vous les présenterai ^^) où le principe est que l’enfant s’exerce à fermer des boutons, une fermeture éclair, des laçage….
- Faire un trou dans le couvercle d’une boîte de lait infantile et récupérer des bouchons de bouteille, puis laisser l’enfant s’en servir comme d’une tirelire
- La Pâte à modeler, le sable de lune, le transvasage, coller des gommettes, les puzzles à encastrement… Tout cela fait travailler la motricité fine
Propositions pour un enfant en période sensible du langage
- Oral
- Evidemment, raconter des histoires (les lire, les inventer)
- On peut créer un jeu avec des morceaux de papier sur lesquels on dessine des personnages, des lieux, des symboles, et on improvise un récit en piochant les papiers pour que le récit soit guidé par le personnage (ça existe en jeu de dés et de cartes aussi)
- On communique : on parle tout le temps, même aux bébés, en expliquant ce que l’on fait. On nomme les choses. L’enfant enregistre tout !
- Si on est bilingue, on immerge son enfant car c’est lors des 10 premiers mois que le bébé intègre les phonèmes avec exactitude
- Ecrit
- On joue à tracer des lettres dans le sable, dans la farine, dans la semoule
- On peut se procurer des lettres rugueuses (montessori) ou en fabriquer pour que l’enfant s’imprègne de la forme de la lettre
- Dessiner à la craie, au pastel, introduit l’écriture
- Lu
- La préparation au vocabulaire et à l’écriture invite naturellement à la lecture. Lorsque l’enfant est en demande de lecture (même s’il a deux ans), notre rôle est de répondre à son besoin. Pas besoin de surstimulation, si ça vient de lui, il intègrera, et sinon, ce n’est pas important, cela viendra en temps et en heure.
- On peut proposer un jeu avec des mots affectifs de l’enfant (papa, maman, doudou, son prénom) imprimé sur ce qu’on appelle une « étiquette » (une feuille coupée quoi) écrit en gros avec une écriture type Comic Sans MS (avec les « a » ronds), en minuscule (plus facile de repérer des mots en minuscule car en majuscule les lettres font toutes la même taille ! L’enfant s’y repère moins bien). On pointe les mots écrit et on les lit à voix haute. L’enfant peut ensuite nous montrer le mot. Ou nous le dire.
- Dès que l’enfant nous demande ce qu’il y a écrit, on répond.
- Dès que notre enfant demande« comment ça s’écrit », on lui montre
- Si l’enfant fait des associations de son comme « papa et panda c’est pareil », on écrit les deux mots en lui disant « oui c’est pareil ça commence par « p » et ça finit par « a », mais « papa » s’écrit comme ça, et « panda » comme ça ».
Exemple : L’autre jour, on a croisé le mot « Bleu » et mon fils de quasi 3 ans a dit « Y’a écrit Samuel ! » : il m’a fallu réfléchir pour voir le rapport mais bLEU et samUEL ce sont les mêmes lettres en miroir. Je faisais les courses donc je n’avais pas de papier et de stylo mais je lui ai dit « oui bravo, il y a le U le E et le L à côté ! »
Propositions pour un enfant en période sensible du développement social
- responsabilisation : l’enfant est dans une période où il a besoin d’autonomie. Il faut évidemment le sécuriser, tant sur le plan physique qu’affectif. L’encourager dans ses efforts, lui dire qu’on a confiance en lui et qu’il peut être fier de lui, etc. Pendant cette phase, l’enfant est ravi de passer le balai, l’éponge ou remplir la machine, ne nous en privons pas ^^
- déguisements : mettons à disposition d’anciens vêtements nous appartenant, des casquettes, des chapeaux, des foulards, de vieux sacs.. Les enfants en phase d’imitation seront trop contents d’être un peu dans la peau de papa et maman !
- Poupée, Téléphone, Dînette, miroir et peigne, n’hésitons pas à proposer à nos enfants (fille comme garçon) de quoi symboliser la vie quotidienne pour qu’ils s’imprègnent des codes sociaux
- Jeux collectifs : proposons-lui des activités où il pourra retrouver d’autres enfants de son âge, comme faire un tour au parc ou bien aller dans un endroit dédiés aux petits si vous avez le temps et le budget !
- S’il a des copains à l’école (ou à la crèche), vous pouvez organiser un petit goûter de temps en temps, il sera ravi de tisser des liens en dehors des structures !
Propositions pour un enfant en période sensible des petits détails
- Jeu type « memory » qui permet d’exercer la concentration
- Où est Charlie, le jeu des 7 différences, tout ce qui focalise sur des détails
- Dans un plateau, mettre plusieurs gros objets de texture différentes et un tout petit (une perle, un caillou), mais ne pas lâcher l’enfant des yeux ! Observer l’enfant jouer avec les objets, les observer (période sensible du raffinement des sens!) et voir à quel moment il trouve le détail
Cette période est plutôt courte, mais pas moins importante !
Pour Résumer :
Selon Maria Montessori, il est préférable d’agir « en périphérie » de l’enfant, en mettant à sa disposition une atmosphère qui lui correspond, dans laquelle il trouvera toutes les ressources nécessaires. On peut également proposer, guider, sans imposer ou diriger. L’enfant apprend mieux (et plus naturellement) par lui-même
Ces billets des pistes à explorer, inspirées de la pédagogie montessori mais pas que, c’est le reflet de ma perception du rôle de maman et d’accompagnatrice de jeunes enfants.
On remarquera que je parle rarement d’âge car pour moi il est moins important de se référer à l’âge d’un enfant (arbitraire lorsque l’on parle de développement puisque chacun est unique) plutôt que de l’observer et de faire ses conclusions par soi-même. Bien sûr, il faut rester attentif aux « tranches d’âge » pour garder un oeil sur l’handicap, mais il ne faut pas s’alarmer pour un rien en se disant par exemple « mon enfant a 15 mois et il ne marche pas encore ». L’important est d’observer la période sensible dans laquelle il se trouve, et le baigner dans un environnement qui lui sera bénéfique : pas trop chargé, à sa hauteur si possible, et surtout, en suivant son évolution propre.
[…] un second volet , je vous ferai des propositions pour répondre aux besoins de ces périodes sensibles ! Obligée de […]