En tant que parent, on est vite remis en cause dans son autorité dès lors que notre enfant ne se comporte pas de la bonne manière. J’entends par là qu‘il ne se comporte pas correctement en société ou avec nous. Que ce soit en public ou chez soi, il n’est jamais agréable de gérer une situation où on se sent dépassé par la réaction incorrecte de notre enfant (du moins, pas celle que l’on souhaiterait voir !), parce que ça nous ramène à nos propres faiblesses et à notre propre enfance. C’est là généralement qu’on prend les mauvaises décisions et qu’on s’auto-flagelle. (enfin, pour ma part, je sais pas vous !)
Si on y réfléchit bien (et si on a lu le livre de Jane Nelsen, La discipline positive {lien affilié}), il y a quatre raisons pour que l’enfant nous montre un comportement déplaisant, 4 objectifs mirage :
1- Prendre le pouvoir
2- Croyance d’incapacité
3- Prendre une revanche
4- Accaparer l’attention
Dans les quatre cas, l’objectif réel est le même : l’enfant qui se comporte de façon inappropriée n’a qu’un seul objectif : appartenir.
Mon enfant veut JUSTE appartenir.
L’être humain a un besoin d’appartenance très intense (voir les périodes sensibles). Nous évoluons de façon grégaire, en groupe, nous avons besoin du lien social. Un humain a un besoin vital de se sentir appartenir à ses pairs (sinon il souffre) et de se sentir important. Que ce soit parce qu’il fait la différence, ou juste parce que sa famille lui voue un amour inconditionnel, c’est la base du bonheur, et surtout chez un enfant, qui, au début, souhaite simplement que ses parents l’aiment et ne soient pas en colère après lui. C’est à nous, parents, de lui montrer que, même quand on est fâché, même quand on est sacrément fâché, on l’aimera toujours, quoiqu’il arrive.
Je ne peux pas tout contrôler.
Quand j’ai envie de forcer mes enfants à faire un truc, j’essaie de me rappeler cette phrase. Je ne peux pas tout contrôler. Bien sûr, il y a des choses que je ne peux pas laisser se passer (des comportements inappropriés, par exemple), mais mes fils ont leur propres opinions, leur propre caractère, et attendre d’eux qu’ils répondent à ce que j’aimerais qu’ils soient, c’est un peu aller contre leur nature. A moi de réussir à créer une atmosphère suffisamment douce et ferme (j’adore mettre ces deux mots côte à côte, ça veut tout et rien dire à la fois !) pour leur montrer que je les respecte, que je leur fais confiance, mais qu’ils doivent également me respecter et me faire confiance au passage.
(je compte d’ailleurs travailler un nouveau projet sur ce concept. #arretezmoi #oupas #sorrynotsorry)
Penchons-nous donc sur ces quatre objectifs mirages (selon Jane Nelsen) . Car, lorsque mon enfant me montre un comportement qui me débecte, un besoin inassouvi s’y cache. J’ai déjà parlé de cela dans mon billet sur les besoins des enfants (et des adultes d’ailleurs), mais je reprends ici car Jane Nelsen a mis en lumière des choses qui ont vraiment résonné en moi, et ça m’a aidée d’une façon colossale à gérer mon cinq ans (j’ai eu un coup de découragement cet été, et ça nous a énormément aidés)
1- Prendre le pouvoir
Objectif planqué numéro 1 : mon fils a un comportement inapproprié, car il a besoin d’être en situation de maîtrise.
Comment s’en rend-t-on compte ? Je suis dans l’affrontement, dans la confrontation. Je sens bien que je veux lui montrer ma supériorité, et je veux lui montrer que j’ai raison. Je suis en colère et frustrée. Parfois je cède, ce qui m’aide pas à me sentir mieux, j’ai l’impression de devoir « lui faire payer. »
De son côté, il défie, il s’oppose, il lève le ton, et il cherche à me mettre en colère (souvent, il réussit.)
Le message qu’il cherche à faire passer (de la mauvaise manière) : Donnez-moi des choix. Faites-moi patriciper.
Sa croyance erronnée serait donc : Je n’appartiens que lorsque je suis le chef. Quand je peux prouver que personne ne peut me commander.
(ça donne envie de laisser de côté l’éducation bienveillante et de mettre deux baffes, nan ? XD Approfondissons !)
Pour ma part, c’est le comportement inapproprié qui me fait le plus facilement dégoupiller. Je me sens pas respectée, j’ai l’impression que mon autorité est remise en question, qu’il se paie ma tête, qu’il m’aime pas.. Bref, c’est pas nos meilleurs moments mère-fils !
POURQUOI ça me rend malade.
1) Il y a prise de pouvoir et donc rapport de force : je suis mal à l’aise avec ça.
2) Ayant comme passif mon côté « enfant », je me sens attaquée de me sentir dans la même soumission alors que là, c’est moi la mère (coucou l’injustice!)
3) La confrontation = ne pas céder au risque de passer pour un faible : ça, c’est les rapports humains dans leur ensemble, et j’ai toujours eu tendance à m’écraser en société dans ce genre de cas, alors sous mon toit, là où je me sens en sécurité ? NON MERCI !
4) J’ai pas envie de ce genre de rapport parents versus enfants chez moi alors je me décourage.
Des solutions qui peuvent fonctionner :
- Dire ce que l’on ressent, et s’en aller respirer un coup (perso, c’est ma seule manière de ne pas faire remonter mon naturel au galop, et mon naturel, il est pas cool du tout)
- Proposer deux choix au lieu d’imposer ou de proposer un truc évasif. Exemple : « tu veux monter dans les bras de papa ou de maman? » à la place de « c’est l’heure de monter dans ta chambre! »
- Enoncer ce que l’on va faire en amont pour que l’enfant se prépare psychologiquement (même s’il ne réagit pas, il entend), la fameuse anecdote du parc : l’enfant crise parce qu’il a pas envie de partir. Mais si on lui dit 5mn avant « encore deux tours de toboggan et ensuite on y va, compris? » en général ça se passe bien mieux car il a intégré la remarque.
- Annoncer ce que l’on va faire et agir (ce ne sont pas des menaces, c’est juste de la fermeté). Genre « maintenant je vais prendre la télécommande et éteindre la télé » (et je le fais. C’est pas une menace. C’est un fait établi et énoncé.) Cette méthode permet à l’enfant de comprendre que lorsque l’on dit quelque chose, on s’y tient. Et que ce n’est pas pour le contrarier, c’est pour une raison juste.
2- Croyance d’incapacité
Objectif planqué numéro 2 : mon fils se sent tellement nul et incapable qu’il fait n’importe quoi.
Comment s’en rend-t-on compte ? Je me sens impuissante, ça me fend le coeur, je ne sais pas quoi faire, je culpabilise et j’ai perdu confiance en tout. Surtout en ma capacité d’être une bonne maman. J’ai tendance à baisser les bras devant chaque obstacle et je le surprotège pour ne pas qu’on me l’abîme. Quant à lui, il est passif, il est en retrait de tout, on dirait l’ombre de lui-même, il n’essaie même pas, il s’avoue vaincu en avance, il est découragé et a perdu toute confiance en lui.
Le message qu’il cherche à faire passer (de la mauvaise manière) : Ne me laissez pas tomber. Tendez-moi la main.
Sa croyance erronnée serait donc : Je ne pense pas pouvoir appartenir. Je n’ai pas ma place ici. Il n’y a rien à espérer de moi, et je vais vous le prouver (confirmation de sa croyance limitante )
Vous savez, ces croyances dont on est persuadé qu’elles sont justifiées, et qui nous berce depuis toujours… Il y a une vidéo virale qui circule à ce sujet :
Du coup l’enfant fait tout pour coller à cette étiquette qui lui sied si mal, et plus ça la confirme, pire c’est.
Des solutions qui peuvent fonctionner :
- Être patient, même si ce n’est pas notre qualité première.
- Encourager. Dès le moindre découragement, lui dire « tu n’as pas ENCORE réussi » ou « je sais que tu as les ressources en toi pour y arriver ! » ou encore « fais-toi confiance, tu peux le faire! » mais aussi le féliciter dès qu’il prend des initiatives, ou qu’il réussit quelque chose. Il faut l’aider à reprendre confiance en lui, et ça passe aussi un peu par nos yeux.
- Passer des moments en tête à tête avec mon enfant, et lui montrer qu’on l’aime, qu’on est fier de lui, qu’on a confiance en lui.
- Mettre mon enfant en situation de réussite, et célébrer les succès (on évite donc de lui confier des responsabilités trop hautes pour lui)
- Ne pas faire preuve d’une compassion débordante qui le conforterait dans son manque de confiance (maman est triste à cause de moi car je suis pas à la hauteur)
- Se serrer les coudes dans la famille <3 Pas de comparaisons, pas de renvoi de faute vers papa, vers le frère ou autre…Être dans le même bateau, tous ensemble !
3- Prendre une revanche
Objectif planqué numéro 3 : mon fils fait des bêtises parce qu’il veut se venger. Il n’en a peut-être même pas conscience. Il veut juste réétablir l’équilibre et la justice.
Comment s’en rend-t-on compte ? Je me sens blessée, vexée, j’ai l’impression que notre rapport mère/fils se casse la gueule, je me sens minable. J’ai tendance à penser « comment peux-tu me faire ça? » et je prends tout contre moi (au lieu de réfléchir à pourquoi il réagit comme ça). Lui, il répond de façon insolente, il a un comportement violent, destructeur, et attaque les autres.
Le message qu’il cherche à faire passer (de la mauvaise manière) : Aidez-moi. Je souffre intérieurement.
Sa croyance erronnée serait donc : Je n’ai pas l’impression d’appartenir. Je souffre, donc je fais mal aux autres. Je ne peux pas être aimé.
Des solutions qui peuvent fonctionner :
- Être à l’écoute. Entendre les sentiments de souffrance. Poser des mots dessus. Consoler.
- Ne pas se sentir visé. (facile à dire, je sais ^^)
- Reconnaître sa responsabilité (en tant que parent, on a forcément de la responsabilité) et montrer que l’on est concerné.
- Discuter avec son enfant, essayer de démêler le truc, en posant des questions sans pourquoi (là aussi, facile à dire ^^)
- Faire confiance en son enfant, et lui dire.
- L’encourager. Pour tout, constamment. On évite de mettre l’accent sur les petits échecs du quotidien, et on valorise !
4 – Accaparer l’attention
Chez moi, c’est celui qui revient le plus. J’en ai d’ailleurs fait un billet dédié ici
Ces prochaines lignes sont un très gros résumé, mais ça peut être redondant suite à la lecture d’hier !
Bref, objectif planqué numéro 4 : mon fils fait des conneries parce qu’il a besoin d’accaparer l’attention.
Comment s’en rend-t-on compte ? Je suis irritée, je me sens coupable, j’ai tendance à vouloir contrôler mon fils, le forcer à arrêter, à écouter, à se tenir correctement, à faire à sa place et j’ai tendance à me répéter énormément. Mon fils, lui, a tendance à se stopper dès que le ton monte ou que je suis sèche, mais recommence aussitôt, jusqu’à ce que l’attention soit de nouveau centrée sur lui.
Le message qu’il cherche à faire passer (de la mauvaise manière) : Remarquez-moi. Impliquez-moi.
Sa croyance erronnée serait donc : Je compte seulement quand on me remarque, que tous les yeux sont rivés sur moi, quand on s’occupe de moi et quand je t’ai pour moi tout seul. (ça, c’est ce qu’il croit, pas nous !)
Quelques idées (proposées dans l’article précédent)
- Poser sa main sur son épaule pendant qu’on continue ce que l’on fait (ça veut dire « je t’ai entendu, je t’ai vu, je ne t’oublie pas, mais là tout de suite je suis pas dispo. Je l’use énormément et ça marche très bien avec Loupi). Ou tout autre communication non verbale qui lui permet de saisir le message.
- Lui proposer de se rendre utile dans une tâche pour le détacher de son comportement inapproprié (et qu’il se sente important, autant qu’il l’est <3 )
- Planifier des moments rien que pour lui.
- L’aider à comprendre les règles de tour de parole
Vous pouvez en lire plus à ce sujet ici
En résumé (parce que j’ai encore écrit trois tonnes de mots)
l’enfant qui se comporte mal a toujours la même croyance au fond : j’ai besoin d’appartenir, et ce besoin n’est pas assouvi.
Quel que soit l’objectif mirage qu’il poursuit, le but est le même : il veut se prouver (à tort) qu’il a raison de penser qu’il n’a rien à faire dans cette famille, ou dans cette classe, ou dans ce monde.
C’est à nous d’entendre la détresse derrière les mots violents, derrière les crises, et de répondre par des comportements appropriés, et de l’amour.
Courage, les parents, vous déchirez tout !
Hé ben ! Je n’ai pas encore d’enfant et j’espère que ça ne saurait trop tarder mais j’espère me rappeler de tout ça quand mes enfants en auront besoin ! C’est très intéressant et instructif ! Merci.
au pire, tu pourras toujours venir relire le pense-bête ici ! <3
C’est vraiment un très beau résumé 🙂
J’utilise aussi le c’est toi ou c’est moi que le fait. Ca lui permet de prendre un peu de « pouvoir sur les chose » et si elle tarde trop, je le fait mais au moins je l’aurait prévenu à l’avance.
J’aime bien tes articles synthétique toujours très juste 🙂
Très bon article qui me confirme qu’il va falloir que je me procure ce livre pour m’aider avec mon FeuFolet 😊
Comme Claire, j’aime bien aussi le « qui le fait en premier, toi ou maman/papa/frère? » , comme ça il a le temps de s’y préparer et donc l’impression de contrôle sur ce qui ce passe 😉