Dans mon métier, il est nécessaire de passer une formation de base de premiers secours, cela va sans dire, puisque l’on cotoie de très jeunes enfants et que l’on se doit d’être extrêmement réactifs. Cependant, malgré tous les bons réflexes du monde, comme ce n’est pas une véritable formation professionnalisante, il peut arriver de faire des erreurs qui s’avèrent fatales (même avec toute la bonne intention du monde). J’ai été traumatisée par un fait divers où une jeune assistante maternelle a vécu un arrêt respiratoire à son domicile, elle a eu tous les bons réflexes, mais n’a pas effectué le massage cardiaque au bon endroit sur le corps de l’enfant, et malheureusement la petite est décédée. ça m’a vraiment perturbée cette histoire, surtout que l’ass mat a été inculpée pour homicide involontaire…
Je me suis dit alors que partager la base des premiers secours avec un maximum de personnes serait une bonne chose. ça ne mange pas de pain, et ça peut sauver des vies.
Je ne suis pas secouriste, mais j’ai passé deux formations en premiers secours, le PSC1 avec la Croix Blanche d’Etampes (c’était pédagogique, ludique, agréable, une très bonne journée où j’ai appris des choses essentielles, je recommande pour celles qui sont dans le coin), et une formation spécialisée sur les enfants et nourrissons lors de l’ouverture de la Crèche Babilou de L’Haÿ les Roses, avec le SMUR du 94 (j’ai d’ailleurs appris à ce moment-là que le SAMU, Service d’Aide Médicale Urgente, était les gens qu’on avait au téléphone quand on appelait le 15, et que ceux qui se déplacent sont donc le SMUR : Service Mobile d’Urgence et de Réanimation.)
Je partage avec vous quelques astuces qui peuvent éviter de vous faire paniquer, ou du moins, que tout le monde gagnerait à lire.
La réaction face à un incident :
Réflexe n°1 : on sécurise la victime
(si elle s’est brûlée avec un fer à repasser, on débranche le fer, par exemple… ) On évalue que rien ne vienne aggraver le cas de la victime avec ce qu’il y a autour. Si c’est trop dangereux, on appelle les secours (voir point « réflexe n°3 »)
Réflexe n°2: on vérifie comment va la victime
On apprécie son état, on regarde si elle est consciente, inconsciente, si elle respire, si elle perd du sang, etc, afin de savoir quel geste de secours sera adapté (tu fais pas un massage cardiaque sur quelqu’un qui a juste perdu connaissance et qui respire encore, par exemple…)
Réflexe n°3 : on appelle les secours !
-> Même si la victime vient de faire un arrêt cardiaque, avant tout : on appelle les secours ! Prendre 15 secondes pour choper son téléphone, courir chez la voisine, crier dans la rue, n’importe.. Mais si vous commencez la réanimation sans appeler les secours, ben… Vous êtes coincés avec personne pour vous relayer, et ça va être très très très long. Surtout que, si vous n’êtes pas médecin, vous n’êtes pas autorisés à arrêter le massage cardiaque (ça équivaut à prononcer l’heure du décès et ce n’est pas de notre ressort), donc vraiment, AU SECOURS !
Même si vous criez un « à l’aide » dans un lieu public et que le premier pécore du coin arrive, dites-lui d’appeler le 15 ça sera ça en moins à faire pour vous, qui allez être concentré sur la victime.
On appelle le 15 le 18 ou le 112 (mais à ne retenir qu’un chiffre, je dirai le 15!)
On procède de la manière suivante :
- Je m’appelle… J’habite au… (ou je me trouve rue bidule)… Je suis (assistante maternelle/maman/auxiliaire petite enfance…),
- Mon numéro de téléphone est le……ou « est celui qui s’affiche »
- Il vient de se passer ça (mon fils s’est brûlé sur le fer à repassé/s’est tailladé l’avant bras avec un couteau en céramique/est tombé de la chaise haute)
- Parler des éventuels risques « j’ai peur que le feu se propage/on est en plein milieu de la route »…
- Expliquer ce que l’on a fait ou mis en place « Je lui ai mis le doigt sous l’eau/j’ai commencé la réanimation cardio-pulmonaire »
- Rester calme (lol.. c’est toujours bien de préciser) et être en mesure de répondre aux questions
Petit mémo à imprimer :
Réflexe n°4 : on effectue les gestes de premier secours !
Il y en a un certain nombre suivant l’incident, mais j’ai décidé de me centrer sur les accidents domestiques courants avec les jeunes enfants
1- L’enfant s’étouffe
Si l’enfant fait une fausse route (qu’il se met à s’agiter et à tousser), on le laisse se dépatouiller, on reste alerte et on l’encourage. Mais on ne peut pas l’aider en le tapant dans le dos car on risquerait de déplacer le morceau qui gêne et de le mettre en asphyxie. S’il tousse c’est que l’air passe.
En revanche, s’il se met à garder la bouche ouverte sans sortir le moindre son, à devenir bleu, et si ses yeux sont exorbités, l’air ne passe plus.
Sur l’enfant de + de 1 an :
– On l’encourage à tousser. S’il n’y arrive pas, on passe à la méthode Moffenson/ Heimlich
– 5 tapes dans le dos avec le plat de la main, entre les omoplates
– Si ce n’est pas désobstrué, 5 compressions abdominales : on se place dans le dos de la victime, on passe les bras sous les siens de part et d’autre de son ventre.
On penche la victime vers l’avant (pour que l’objet sorte)
On ferme le poing droit, on enroule le poing gauche par-dessus, on se positionne sous les côtes, sur l’estomac (au-dessus du nombril, au-dessous du sternum) le poing doit être horizontal, le dos de la main tourné vers le haut. Attention il ne faut pas appuyer avec ses avant-bras sur les côtes !
On tire vers soi d’un coup sec : on enfonce le poing dans l’estomac et on remonte, le mouvement fait comme une virgule
– L’objet devrait sortir à ce moment-là. Vérifier s’il n’est pas dans la bouche de l’enfant avant de recommencer la manoeuvre.
Sur le bébé de moins de 1 an :
- On s’asseoit sur une chaise et on dispose le bébé sur son avant-bras (posé sur notre cuisse), sur le ventre (son visage vers le sol, à cheval au niveau du creux du coude), sa tête inclinée vers le bas. Nos doigts le maitiennent sous le menton et entrouvrent sa bouche
- On donne cinq claques entre les omoplates
- D’un geste vif, on pivote le bébé sur le dos, sur l’autre avant-bras (notre main tient sa tête, et il est à cheval sur le creux du coude), sa tête penchée vers le bas
- On imagine une ligne qui traverse à l’horizontal entre les deux tétons, et au centre, environ une largeur de doigt en-dessous, on va compresser
- Avec la pulpe du doigt de l’index et du majeur, on fait le même mouvement de virgule : 5 compressions
- On vérifie quel’objet n’est pas dans la bouche du bébé entre chaque geste
2- Une brûlure
ça peut très vite arriver, un manche de casserole d’eau bouillante qui dépasse, un fer à repasser, n’importe…. Dans tous les cas, la manoeuvre a suivre est la suivante :
- On appelle les secours : on va être mis en contact avec un médecin qui va donner des indications suivant l’étendue de la brûlure (elle est dite « simple » quand elle équivaut à moins de la moitié de la paume de la main de la victime [à n’importe quel endroit du corps, sauf au visage où c’est direct grave])
- On arrose la brûlure pour la refroidir, mais pas de n’importe quelle façon. On fait couler de l’eau froide mais pas glacée, en amont de la brûlure (par exemple, l’enfant est touché à la main, on fait couler l’eau sur le haut de son poignet pour que le filet d’eau ruisselle jusqu’à la main. Pas de pression directe sur la brûlure, quoi). On arrose tant que ça fait mal.
- Eventuellement, on réalise un pansement stérile avec une compresse stérile.
- On ne perce pas les cloques s’il y a
3- Un arrêt respiratoire
La plus grosse crainte d’un parent ou d’une nounou, je pense, c’est que l’enfant arrête subitement de respirer.
On imagine que cela se passe dans le lit.
1) On pose la main sur le thorax pour vérifier qu’il ne respire plus (le thorax devrait se soulever). On peut aussi mettre ses doigts sous le nez pour sentir le souffle du bébé.
2) On le sort du lit pour rapidement le poser sur le sol ou sur une table (il faut un plan dur) et on retire le vêtement qu’il a sur la poitrine
3) On appelle les secours (surtout, même si on a peur, qu’on veut faire au plus vite, on appelle les secours, on se fout sur haut parleur pour commencer la réanimation éventuellement, mais on appelle les renforts, sinon c’est la condamnation assurée !)
4) Si on est plusieurs, on demande à ce que quelqu’un aille chercher un défibrilateur. Si on est seul et qu’on sait où il y en a un (à proximité) on va le chercher avant de commencer la réanimation
- On repère le creux au niveau du sternum à la base du coup, et l’endroit où le sternum s’achève (quand les côtes se rejoignent) et on détermine rapidement où est le milieu du sternum
- On place le talon de la main juste en dessous du milieu repéré (c’est-à-dire sur le haut de la moitié inférieure du sternum). Attention, la cage thoracique d’un enfant est petite, il ne faut surtout pas appuyer sur les côtes au risque de les briser. Seul le talon de la main appuie, sur la ligne médiane entre les côtes, pas dessus
- On s’agenouille juste au-dessus de l’enfant, à la verticale, de façon confortable pour ne pas avoir besoin de s’arrêter à cause de muscles endoloris
- On verrouille le coudes en tendant le bras à fond (éventuellement on met l’autre main derrière le dos pour ne pas être tenté de l’utiliser, les deux mains c’est pour les corps des adultes)
- Et on pousse d’un geste sec sur la poitrine qui devrait s’enfoncer de 3-4 cm avant de remonter.
- Commencez les compressions en comptant et 1 et 2 et 3 et 4… » (environ 2 compressions par seconde, la main reste constamment en contact avec le sternum) 30 compressions puis passez aux insufflations
- Après 30 compressions, on fait 2 insufflations : on bascule la tête de la victime en arrière (son menton est levé, sa bouche s’entre-ouvre) on pince le nez de la victime et on insuffle dans la bouche (que l’on a enveloppé avec sa bouche à soi, de façon à faire un joint hermétique pour que l’air ne ressorte pas aussitôt) deux fois une quantité d’air qui fait gonfler le thorax.
- On retourne aux compressions.
- On n’arrête que lorsque l’enfant recommence à respirer, ou que les secours arrivent (ou que le défibrilateur soit mis en place)
La vidéo d’explication très claire :
Sur un bébé de moins d’un an
- On s’assure que le bébé ne respire plus
- On appelle les secours (et on va éventuellement chercher un défibrilateur)
- On localise le sternum du nourrisson et on place la pulpe de deux doigts d’une main dans l’axe du sternum, une largeur de doigt en dessous d’une ligne droite imaginaire réunissant les tétons.
- Comme pour l’enfant, on compresse environ 2 fois par secondes, environ 100 fois par minute, en enfonçant les deux doigts d’une puissance qui fait descendre la cage thoracique d’environ 2-3 cm
- On y va pour 30 poussées rapides et on enchaîne avec 2 insufflations
- Les voies respiratoires du bébé étant très rapprochées, on englobe avec notre bouche et le nez, et la bouche de la victime. On insuffle en regardant si la cage thoracique se gonfle.
- Et on repart pour les 30 poussées, jusqu’au relai.
La vidéo d’explication (avec le joli accent québécois)
Ce billet ne remplace absolument pas une formation, et j’encourage tout le monde à y consacrer une journée, ça coûte quoi ? 45 € ? C’est hyper pédagogique, intéressant, et ça peut sauver des vies !
Je viens de faire le PSC1 dans le cadre du passage du CRPE et franchement ton résumé est top et hyper complet… Mais clairement, comme tu le dis rien ne vaut une journée de formation… Perso, cela m’a pris une journée et coûté 60€. Certaines sociétés le propose dans le cadre des droits à la formation aussi !
Virginie
Ah c’est super ! Merci <3 oui c'est clair ça ne coûte pas grand chose et ça rassure !