Quand on parle de lâcher prise, on peut s’imaginer un adulte qui lâche la main d’un enfant, voire lui tourne le dos.
Moi, j’ai toujours l’image d’un ballon plein d’hélium dont on tient la ficelle, que l’on laisserait s’envoler librement en la lâchant.
Je pourrai dire aussi que ça me fait penser à un parent qui lâche la selle d’un vélo alors que son enfant pédale sans roulette, et qui le regarde s’éloigner, fièrement.
Pour moi, ce n’est pas l’idée de laisser tomber, de baisser les bras, d’ignorer ou de céder. C’est un geste de confiance. C’est un geste d’amour.
Il y a deux occasions principales pour lesquelles j’ai le devoir absolu de lâcher prise (sous peine de craquage de slip inopiné)
Quand la control freak en moi se manifeste violemment.
J’ai un gros problème de contrôle (mais j’me soigne every fucking damn day) : j’ai besoin (envie, en fait) que les gens aillent dans mon sens, partagent mon point de vue, me comprennent. Pire que ça, je ne fais pas du tout preuve de bienveillance lorsque j’essaie d’expliquer quelque chose qui m’est une évidence à quelqu’un qui ne saisit pas. (T’as déjà essayé d’expliquer pourquoi on appelle une chaise une chaise ? Tu vois le principe ? Ben ça, tout l’temps.) Quand j’étais petite, mes parents me trouvaient tyrannique et condescendante. Ce n’est pas que je prenais les gens de haut (déjà parce que je faisais un mètre douze les bras levés) c’est que, honnêtement, dans mon p’tit cerveau de CM2, intellectuellement je ne comprenais pas que certaines choses qui pour moi me semblaient innées (alors qu’ils étaient acquis mais que j’m’en rappelais pas), ne soient pas intelligibles pour des personnes qui tentaient de l’apprendre. Puis à cet âge t’as pas la fibre pédagogique, ça va être du « t’es bête ou quoi, on écrit pas j’ai manger ! » (rien que de l’écrire j’ai des frissons hahaha) #teamtêtedampoule ) .
TOUT ÇA POUR DIIIIIRE ! Je me sens irritée (vraiment, c’est physique) quand quelqu’un ne comprend pas quelque chose qui est clair pour moi. Parce que je n’ai pas les capacités de l’expliquer, et ça me rend ouf. J’aurais presqu’envie d’inviter le mec à venir dans mon cerveau pour qu’il voie par lui-même à quel point c’est simple, et que ça ne soit pas gâché par des mots interprétables !
Je pourrai presqu’insulter la personne (oui, même si je l’aime, oui, même si c’est mon enfant qui n’est pas mature cérébralement) juste parce que je me sens incomprise. C’est fou. (Bon, j’le fais pas hein ! Mais tu sens la violence du truc, comme ça).
J’aimerais contrôler les autres esprits humains, pas par vanité, mais pour qu‘on puisse se comprendre en une fraction de seconde, presque sans parler. Qu’on ressente ensemble. Et comme c’est pas possible (sauf dans Sense Eight), ben je me mets en colère. Parce que je juge, je me sens jugée, je me sens en colère. Parce que la personne ne répond pas à mon besoin d’être comprise et en sécurité, je me sens rejetée.
A ce moment-là, il n’y a pas beaucoup d’autres manières de réagir si je n’ai pas envie de me braquer, de dire de mauvais mots, d’humilier, de bloquer sur facebook ou de punir.
Je dois réussir à prendre du recul sur la situtation. Si je reste la tête dans le guidon, ça ne va rien donner de bon. Je n’ai en tête que des solutions que je réprime.
Alors, je me déconnecte de la situation. Je fais comme un pas en arrière (que je pourrai faire physiquement d’ailleurs si ça peut aider), je respire, et je mets en perspective.
« Ce n’est pas contre toi »
C’est ma phrase-clé. Ça ne marche pas toujours, mais ça me fait toujours redescendre d’un étage.
je fais intervenir mon intelligence plutôt que mes reflexes. Et je lâche prise. Là, je peux réagir convenablement. Déjà parce qu’avec ce petit recul, je suis en capacité d’entendre les besoins inassouvis cachés derrière les réactions, mais aussi parce que je peux activer mon cerveau « CNV » (ça ne marche pas si je suis énervée, il me faut plus de temps ^^), et surtout, parce que mon coeur est ouvert à la discussion. (Et pas seulement parce que je fais du yoga)
Et puis, comme l’a dit si justement mon amie Blandine lors de notre dernière conversation : « il y a plein de choses qui changent actuellement dans ta vie.. Peut-être que ce besoin de contrôle te rassure ? « Je ne l’avais pas vu sous cet angle, mais finalement, ça se tient
Quand la princesse capricieuse en moi se manifeste violemment.
Lorsque je projette une réaction qui n’arrive pas, ou un moment qui n’arrive pas. Ça peut être vécu comme un caprice, mais là encore c’est une vraie blessure qui s’active : celle de l’abandon (et aussi du contrôle, elle est toujours là cette petite coquine).
Comme toute mère (ou tout parent, ou, soyons fou, tout être vivant), j’ai des attentes. Des attentes raisonnables (souhaiter que mon mari me fasse un bisou quand il rentre), des attentes bancales (souhaiter que mes enfants me fassent un bisou quand ils rentrent), et des attentes déraisonnables (souhaiter que les enfants se lèvent à 10h du mat’ le samedi).
Pour quelque raison que ce soit, du moment paisible au mariage sans couac, le souhait que j’émets est toujours lié à un besoin. Et la p’tite fille en moi qui n’a pas ce qu’elle attend à ce moment-là se sent profondément blessée. Bon, j’fais pas tout un fromage d’un bisou non fait par mon mari quand il rentre du travail (notamment parce qu’il travaillait à la maison/ et qu’en ce moment il ne rentre pas tout court), et je ne me projette jamais à rêver d’une grasse matinée qui se concrétiserait (trop de déception à la clé n’est-ce pas), mais ça ne vous est jamais arrivé d’espérer qu’un événement se déroule d’une certaine manière (je pense FORCEMENT à mon mariage), ou qu’il soit accepté d’une certaine manière (et là je pense à mes grossesses) ? Quelle a été votre sentiment si les réactions en face n’étaient pas celles escomptées ? Si les couacs se sont invités ? Bon nombre d’entre nous a tendance à dramatiser (mais quand même va mourir, c’est important !) parce que, même si personne ne le comprend pas (vu qu’il n’est pas toi) toi, tu n’as pas eu ta petite friandise tant attendue (la projection précise d’une réaction ou d’un événement) et ça t’a tout chamboulé !
La saveur d’une visualisation qui se réalise est tellement jouissive et addictive qu’on en redemande, et qu’on en veut encore et encore ! Mais lorsque ça ne se passe pas tel que souhaité, on peut être vraiment triste, voire sombrer en dépression (s’il s’agit d’un accouchement, de la santé etc etc).

Le conseil à trois balles
La visualisation, c’est génial. Se projeter, c’est très utile pour s’envoyer de l’ocytocine gratoss en s’imaginant un moment à venir se dérouler selon les plans. Mais il y a deux règles à respecter lorsqu’on envisage le futur :
1- Pas de détail : mieux vaut imaginer le sourire de son conjoint quand on dira oui (ce qui est quand même quasi sûr d’arriver), ou le moment où le bébé sera dans nos bras pour la toute première fois (sans précision quant aux circonstances) et se caler sur les émotions que l’on pourrait ressentir, les sensations, les odeurs, pourquoi pas? Plutôt que d’imaginer un scénario précis et sans accroc, qui laisseraient entrevoir un besoin de tout contrôler. Imaginer l’instant où vous ouvrirez le bal ça peut être risqué et décevant (croyez-moi :D) comme imaginer un accouchement précis (là encore, je vous le souhaite de tout coeur, mais plus y’a de détails, moins y’a de chance que ça arrive précisément le jour J !)
Je vous jure, c’est efficace. Moi qui voulais toujours tout orchestrer de A à Z, à un moment j’ai lâché prise sur ce souci du détail, et j’ai commencé à organiser mes petits événements (comprendre l’anniversaire de mes enfants ) avec une idée globale. Ptêt parce que j’avais moins de temps à perdre pour des broutilles dans ma vie de femme qui fait mille trucs, mais avec cette idée de « pensée globale » je n’ai plus jamais été déçue de moi, j’ai toujours été super fière de ce que j’avais fait, et vraiment heureuse de l’événement.
Mon humeur de préparatifs/pendant la fête/après la fête était bien plus agréable qu’avant ! Et, le plus important, depuis, je profite de l’événément en lui-même. Alors qu’avant je passais mon temps à courir après un planning, des idées qu’il fallait à tout prix mettre en place, un sentiment de défaite dès que quelque chose était cassé ou ne fonctionnait pas…. Epuisant. Et niveau dévalo, on était bien aussi ! Je suis contente de m’être débarrassée de cette mauvaise habitude, et ça, rien qu’en arrêtant d’imaginer de précieux détails. Les détails, c’est improvisé, maintenant !
2- Vivre le présent : Quand on est dans les visualisations, c’est doux, c’est parfait, c’est tel qu’on le souhaiterait, mais faut pas oublier que le plus intense, le plus vrai, le plus authentique, il se passe là, maintenant, à cet instant. Rêver, c’est beau. Réaliser, c’est mieux ! On n’oublie pas de vivre intensément ce qui se présente à nous. Même si nos enfants n’ont pas envie de nous faire un bisou. Même si notre mari préfère jouer à Stardew Valley que te rejoindre sous la douche (je rigole, ça n’arrive jamais haha), même si t’as pas eu d’ouverture de bal ou que quelqu’un avait oublié le sac de piles pour ton photobooth home made 😀 Ya des choses qui se vivent dans l’instant. Demander à mes enfants comment s’est passé leur journée plutôt que de me sentir vexée pour le bisou qui n’a pas claqué à ma joue, profiter d’une douche seule pour me raser les jambes, apprécier la poésie d’avoir eu ma grand-mère qui a ouvert mon bal, et avoir eu mon slow, en tête à tête, sur un bateau en croisière en Lune de Miel, ou encore avoir improvisé un photobooth dans le parc du château le lendemain du mariage… Tout cela, c’est ce qui compte. C’est de créer au quotidien, de faire avec ce qu’on a sous la main, sans accuser, sans s’accuser, sans s’en vouloir, sans en vouloir aux autres.
Le lâcher prise, c’est amener tant d’amour et de douceur en soi et pour les autres… Je suis une grande partisane !
J’imagine qu’il y a plein d’autres moments où il serait bon de lâcher prise et de prendre du recul. Globalement dès qu’on se sent irrité. Que ce soit pour quelque chose de passé que l’on ressasse (où ho’oponopono et le lâcher prise sont SUPER efficaces !)
Finalement, tout ça, c’est l’expression de l’égo. L’expression de mes blessures, aussi. J’en ai conscience, ce n’est pas facile. Mais j’aime ces moments-là où j’arrive à décrocher de ma situation (que je considère comme) chaotique, pour avoir la présence d’esprit de me dire « je lâche prise ».
J’avais prévu d’écrire un ptit billet pratique avec une liste de mes astuces lâcher prise, ça s’est transformé en un gros tas de psychologisation ! Dans un second volet, je vous proposerai alors ma fameuse petite liste, pour que vous puissiez piocher des idées, et plus rapidement arriver à un état de lâcher prise face à une situation contrariante !
Et vous, quelles sont les situations (globales comme précises) où vous vous dites « là, il serait bon pour moi (d’apprendre à) lâcher prise » ?
Je ne supporte pas de ne pas réussir à retrouver quelque chose même si je n’en ai pas besoin dans la seconde, c’est le truc qui me mets vraiment hors de moi… Problème de contrôle aussi je crois… Bel article !
Ahha comme quoi on a toutes nos limites quelque part ! <3
Plus je te vois changer, plus je me dis que tu as raison .Depuis j essaie de lâcher prise. Je ne suis pas encore au top , mais je me sens mieux. Tu as beau être ma fille .
TU ES MON MODÈLE À SUIVRE.
Oh 😭😍 que c’est doux et plein d’humilité !
Tu sais plus mes enfants grandissent et plus ce que tu dis me semble une évidence. .. on est des modèles pour nos enfants c’est indiscutable, mais je crois qu’ils le sont également pour nous !
Je pense que je n’ai jamais été autant dans le contrôle que toi. Mais ce qui m’a beaucoup aider à lâcher prise, hormis ma fille, c’est aussi que je me suis rendu compte que les petits bonheurs quotidiens (il fut un moment où j’en notais 3 par jours et ça a changer ma vision des choses) étaient toujours fait d’imprévu ou de détails que je n’aurais pas pensé. En fait j’aime me laisser surprendre par la vie. Et je dois dire que depuis je savoure vraiment d’avantage.
Alors bien évidemment, personnellement, mon gros point faible est la fatigue.
Et puis, je suis vraiment adepte du slowlife. Je préfère faire moins de choses, mais plus les savourer 🙂
Joli article.
Ici c’est la maladie.
Je me suis rendue compte à quel point le reste n’était pas primordial.
Et j’ai encore beaucoup de travail pour accepter tout ça.
J’essaye de lâcher prise contre la colère mais souvent c’est elle qui gagne :/
oh oui, et c’est bien normal.. Difficile pour le coup !
Je dirais que je n’y arrive pas. Je suis une personne qui encaisse tellement que j’ai peur de lâcher prise de façon général. En revanche là ou j’ai le plus de facilité c’est vis à vis des enfants car je veux pas les brider ce ne sont pas des objets donc je souffle un grand coup quand les chambres sont chaotiques, que la maison n’est pas rangé au carré, qu’il y a des miettes de gâteaux sur le sol… Quand il s’agit des autres membres de ma famille j’y arrive mais absolument pas pour moi. J’ai hâte de lire cette liste du coup peut-être que cela va m’aider et m’apprendre 🙂
elle est ici ! http://mamanorange.fr/2018/03/13/lacher-prise-a-ma-facon-facile/
Oui c’est plus difficile avec les adultes, parce qu’on part du principe qu’ils sont supposés comprendre autant que nous ^^
Mais c’est déjà bien de se rendre compte qu’il ne faut pas attendre des enfants qu’ils soient aussi percutants que des adultes à leur jeune âge !