
Un texte d'Ariane Legale, mars 2019, 3ème prix.
Il y a quelques mois, on m’a informée qu’un concours d’écriture était lancé sur le thème de l’accouchement à domicile.
J’ai donc écrit, sous la contrainte de 3500 mots, ce qui pour moi est très très court, un texte que j’ai proposé au jury.
Bien Naître et Grandir est une association Grenobloise qui a pour objectif d’informer et d’accompagner l’humain sur la naissance et la parentalité, du maternage proximal. En lien avec le Collectif de Défense de l’Accouchement à Domicile et du Collectif Education Non Violente en Isère, l’association se positionne dans la douceur et l’échange.
Je ne fais pas partie de cette asso, mais je me sens proche de ses valeurs.
Le week-end dernier, l’asso a organisé un événement à Grenoble intitulé Un bébé fait maison et c’est dans le cadre de cet événement que le concours de textes a été jugé. Je ne m’y suis pas rendue, même si le programme était alléchant, et j’avais écrit ce petit texte comme on écrit un post instagram : avec mon coeur, à l’instinct et surtout, sans attente de reconnaissance, un simple besoin de transmettre.
Quelle n’a pas été ma surprise de recevoir un mail qui m’annonçait que j’étais lauréate ! Je n’ai jamais participé à un concours d’écriture, mais ce sujet-là m’est si cher, j’avais juste envie que les membres du jury lisent un texte de plus autour de ce joli thème !
J’admets m’être sentie fière et valorisée. Comme un indice pour m’annoncer que je suis sur la bonne voie, dans ce que j’entreprends.
Comme l’a souligné mon amie Ariane, la valeur du texte ne dépend pas d’où on l’envoie (sur instagram ou à un concours) : mon texte, des mots primés, ou des mots affichés sur un réseau social ? J’y mets la même âme, la même intensité. Et je pense que c’est ça, qui est valorisé.
Je te laisse donc avec ces 3500 mots qui ont touché de jolies personnes, en espérant qu’ils t’atteignent en plein coeur, toi aussi !

Pleine conscience, naissance, renaissance.
Vivre en pleine conscience sa grossesse, c’est s’offrir la chance de toucher du bout des doigts le divin.
Tu sais, cette déesse qui vit au creux de ton corps. Tu lui laisses la possibilité de s’exprimer, lorsque tu prends conscience qu’elle existe. Moi, c’est à travers mon accouchement que je me suis sentie connectée au féminin sacré.
Si au début allaiter était mon projet principal, j’ai glissé petit à petit vers l’accouchement sans péridurale, l’accouchement physiologique, pour arriver à l’accouchement à domicile (et finalement, à l’accouchement non assisté !) Toutes mes décisions, toutes mes envies, toutes mes concrétisations ont été guidées par mon intuition. Je n’ai jamais été autant moi de toute ma vie. Je me laissais porter par ce que je voulais au plus profond de mon coeur, en laissant de côté les croyances limitantes, les peurs non fondées, les loyautés transgénérationnelles.
Le jour de la naissance de mon troisième enfant, j’ai lâché prise. Sur la peur que j’avais en me voyant dépasser le terme (peur d’être déclenchée), sur l’état de la maison, mon état émotionnel, sur tout. Je savais que si mon bébé n’était pas encore né, c’est que ce n’était pas le moment pour lui. Alors, je nous ai offert un précieux cadeau : j’ai passé la journée à danser. A faire du yoga. J’ai pris la douche la plus longue de mon existence (pardon la planète !). J’ai médité, j’étais dans mon monde. Dans ma bulle. Une bulle qui nous englobait tous les deux. Bercée par des contractions régulières mais pas douloureuses depuis quasiment 48 heures, j’ai laissé mon époux et mes deux enfants continuer leur vie pendant que, moi, je me préparais à donner naissance. La tête dans mon corps. L’âme connectée à la sienne. La vie battait son plein dans notre appartement, et moi, à défaut d’être présente en tant que mère, j’étais la mer. Parfois calme, parfois soulevée par la marée, toujours silencieuse, imposante, pleine de mon bébé. Concentrée.
Le soir de sa naissance, j’ai tout préparé « comme si », même si les contractions n’étaient toujours pas douloureuses. J’ai tamisé la lumière, mis une jolie guirlande colorée dans un coin. Le matelas était au pied du canapé, juste au cas où, tapissé d’une bâche de peintre, et à côté de laquelle jonchaient des serviettes et de touts petits vêtements, comme pour l’attirer au-dehors. « Tu vois, mon bébé. Nous sommes prêts. »
Notre douce soirée en amoureux a alors commencé, pour s’achever avec notre enfant.
Tout s’est passé très vite, au moment où j’ai compris que j’accouchais. Notre fils est né en trois contractions, trois poussées involontaires, mon corps qui sait faire, mon époux et moi, main dans la main dans cette tempête de sensations, d’authentique et de merveilleux. Là, contre nous, un nouveau coeur battait hors de l’eau.
Ce n’était pas de la douleur. C’était de l’amour tout entier. De l’amour intense, puissant. La vérité absolue. J’ai vécu cette naissance comme une réponse. Et, je peux affirmer que, ce jour-là, moi aussi je suis née.
L’ancienne peau de la femme que j’ai laissée gisait sur le matelas, avec le placenta. J’ai pris dans les bras mon petit garçon tout lisse, tout doux. Contre lui, nous nous sommes imprégnés de ce que nous venions de vivre pour créer quelque chose de nouveau. Notre famille prenait une forme différente. Nous avons vu l’invisible, ce soir-là. Et, à jamais, cela nous guidera.
<3
Ton texte est vraiment beau et si doux 😍
J’aime beaucoup ton blog. Un plaisir de venir flâner sur tes pages. Une belle découverte et un blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésite pas à visiter mon univers. A bientôt.