Je n’aime pas forcément coller des étiquettes aux choses que je vis. Des termes tout faits qui presque viendraient minimiser ou expliquer en quelques lettres l’intensité et la complexité de mes sentiments. Burn out, babyblues, hypersensibilité, terrible two, chômeuse, artiste, française, maman…
Ces mots qui veulent tout et rien dire. Ces mots derrière lesquels se cachent tant de personnalités, tant de nuances, tant de profils, tant d’âmes différentes et colorées que, moi, franchement j’en ai marre de les voir poper de partout. C’est vrai qu’en un mot, on peut recontextualiser. En une petite phrase, on est face à un « ahhh je comprends mieux », et parfois, c’est juste de ça dont on a besoin. Être compris, être en capacité de se comprendre.
Les étiquettes, les cases, c’est hyper contraignant pour les personnes comme moi qui débordent de partout et qui ont pourtant ce besoin d’appartenance. T’sais c’est comme si on était sur une plaque de four avec que des moules en forme d’étoile et que la mienne elle avait 12 branches au lieu de 5. J’suis pas tout à fait différente, mais ça rentre pas. Ça me frustrait, avant. j’etais le genre de fille qui aurait volontiers coupé ses 7 branches de trop dans l’espoir de se sentir semblable. J’aurais été là, pas entière, souhaitant follement qu’on me confonde avec les autres.
Les étiquettes c’est contrariant. Mais je t’avoue que parfois ça me soulage aussi. Parce que quand tu decouvres que t’es pas folle, que t’es pas seule, et qu’il y a une multitude d’autres personnes qui ressentent des choses parallèles aux tiennes, ça te permet d’arrêter de te demander ce que t’as mal fait pour en arriver là. Ça t’ancre dans le vrai monde au lieu de vivre comme le fantôme de Nick Quasi Sans Tête, survolant et enviant la vie, la vraie.
Les étiquettes c’est dangereux. Ça enferme. Ça a un goût de fatalité. Ça devrait être utilisé de la pointe du bout des doigts, comme on manipule un produit inflammable. Comme on désamorce une bombe.
Alors les étiquettes, je les balance avec parcimonie, quand je sais que ça peut aider. Mais je ne les utilise pas pour valider ou invalider un comportement. Oui. Ok. Je suis telle catégorie. C’est juste une donnée personnelle ajoutée à mon dossier. Au mieux ça sert à nuancer. Ce n’est pas parce qu’il a deux ans qu’il pleure à s’en couper le souffle. C’est parce que quelque chose l’a contrarié. Ce n’est pas parce que je suis maman que je pleure devant Babyboom. Ce n’est pas parce que je suis hypersensible que mes yeux pétillent lorsque je mets mes pieds dans l’herbe, c’est juste parce que j’aime la connexion à la nature. Ce n’est pas parce que je suis haut-potentiel que je lis le grec ancien, c’est parce que je l’ai appris.
Ça ne me définit pas.
Moi, les étiquettes, je les emploie sur moi comme je nommerai un adversaire ou un allié, et ça me convient pas mal :
« Okay. Aujourd’hui je t’affronte, toi, la phobie dont je suis victime. Et je compte bien remporter la victoire. Maintenant que je t’ai identifiée, il n’y a plus qu’à passer à l’action.Avec toute la gratitude dont je dispose de t’être présentée à moi pour m’envoyer un signal, maintenant, il est temps de t’en aller. Merci, salut. »
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