Notre première fois l’un sans l’autre

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Vendredi, je suis partie pour 36 heures sans mon bébé.
C’était un événement familial prévu depuis.. Je ne sais pas… 1 an ? 2 ans ? J’avais très envie d’y aller : au-delà d’être un concert, les spectacles de Mylène Farmer sont, pour mon père et moi, des rendez-vous à ne pas manquer depuis 1999 (on fêtait donc nos 20 ans de concert !)

Quand t’es enceinte, tu te dis « mais ouais, ça va le faire, il aura 9 mois, on aura eu le temps de préparer le terrain ! »
Puis, ton bébé naît, et tu dis « oh ça va on a neuf mois pour voir venir »
Et puis, les mois défilent à vive allure, un beau matin, c’est 2019, et là tu commences à trouver urgent de préparer ton bébé allaité exclusivement et toi à la séparation à venir dans 6 mois.

Prémices de préparation

Au début, j’avais fait un rétroplanning avec toutes les étapes. En bonne nounou, j’avais prévu une adaptation tout en douceur !
Bien évidemment, la réalité nous a rattrapé, et pouf ! On était au mois de juin !

Pendant les premiers six mois de 2019, nous avons basé l’adaptation sur la prise de repas : allaité au sein, refusant le biberon (Thank God), on a tenté différents contenants. Finalement, il a eu l’air de prendre la softcup (mais c’était un coup à prendre et pour Papa et pour Bébé !) , Objet découvert quelque chose comme trois semaines avant le D Day mais bon ça a suffi ^^

On s’est vraiment mis à préparer la séparation un mois avant. On a récupéré un Ergo Baby pour que Papa puisse porter sans contrainte (on n’a pas pris le temps de faire notre atelier de portage, et l’écharpe était inconfortable). Et, on a commencé à préparer le terrain. Voici comment nous avons procédé :

1- On a communiqué avec bébé

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Ce n’est pas parce qu’il ne parle pas qu’il ne comprend pas : un bébé, entend, intègre, emmagasine des tas de choses (c’est d’ailleurs comme ça qu’il apprend). Alors, je n’ai pas hésité à dire que j’allais partir. Même s’il n’a pas la notion du temps, formuler les choses lui permet de ne pas être pris de court. D’ailleurs, c’est un bon réflexe à avoir : c’est important de lui dire ce que l’on fait, où l’on va ! Moi, je lui parle toute la journée ! « Je te prends » quand je le porte, « Je change ta couche » quand je le change, « Je te mets dans ta chaise haute » quand on passe à table, « Tu veux de l’avocat ? », « C’est bon ? », « Encore ? » quand il mange… Etc.
Et puis, j’appuie en signant, aussi. Mais c’est une autre histoire !

2- On a joué à coucou-caché

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Un des jeux les plus simples à mettre en place (et sans matos!) pour préparer à la séparation, et atténuer l’angoisse de la séparation (pile à l’âge de bébé magique d’ailleurs, c’est environ 8-9 mois), c’est de jouer à coucou-caché ! On le fait instinctivement, mais ça a de vrais bénéfices !

> Tu te caches derrière un objet, et tu réapparais en disant « coucou ! » et tu te recaches « caché ». Tu peux aussi laisser ton enfant te trouver.

Tu peux aussi jouer à coucou-caché avec des objets que tu planques, et qu’au début tu laisses dépasser, puis finalement que tu caches en entier !

L’angoisse de la séparation ?

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En général, elle arrive vers 8 ou 9 mois, c’est le passage transitionnel où Bébé prend conscience qu’il est un être indépendant de sa maman/son parent : les premiers mois, il pense que maman et lui ne forment qu’une entité.
C’est pourquoi il pleure dès qu’elle quitte la pièce ou qu’elle s’éloigne, car, ayant pris conscience qu’il n’était pas elle, il a peur qu’elle ne revienne pas. D’où l’importance d’expliquer, de parler, de ne pas nier ses craintes.

Les pièges que j’ai appris à éviter : quand ça me fait mal de me séparer de mon bébé, il peut être tentant de vouloir le faire comme on arrache un pansement : vite, et sans prévenir. Ainsi, j’ai appris que me barrer pendant que mon bébé ne regarde pas ou qu’il dort, en espérant éviter les pleurs, ce n’est confortable qu’une minute pour le parent, mais est un vrai bouleversement pour le bébé (et la nounou/le papa, la personne qui reste avec). Ainsi, j’invitais cordialement les parents, dans le cadre de mon travail, à ne pas s’esquiver, car il est important que bébé voie son parent partir. Je n’appuie pas non plus quand il « fait son timide », parce que là encore c’est normal. Donc j’évite de dire « ho, tu fais ton timide, dis bonjour » ou quoi. Toi quand t’es intimidé ou pas rassuré, t’as pas envie qu’on te force. Bah pareil. Si mon bébé est très sociable, vers 8 ou 9 mois il peut avoir « peur » des gens qu’il ne connaît pas, et se mettre à pleurer même avec ses tatas ou tontons. Je respecte ça. En général, je lui dis « tu as besoin d’être rassuré, viens contre moi ».

3- On a fait des mini-séparations

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Pour aller faire des courses, pour passer un coup de fil, pour aller à un rendez-vous… Petit à petit, on a fait des mini-séparation, bébé loin de maman, tout en expliquant et en sécurisant.

Même s’il est materné de façon proximale et que j’ai l’impression, moi, que c’est le prolongement de mon corps, je l’ai toujours encouragé à être indépendant. D’ailleurs, j’ai remarqué que plus je materne, moins il est difficile pour mon enfant de s’éloigner en jouant. Même s’il est rassuré d’être collé à moi lorsque j’arrive dans un nouvel endroit (normal, je suis sa sécurité), très vite, il va explorer les lieux et gambader, et c’est pour moi une forme de « séparation » également. Le portage psychique reste intact (il peut se retourner, me regarder, et constater que je suis toujours présente, pour se rassurer), mais il n’en reste pas moins que c’est une première séparation corporelle.
Ainsi, je peux écrire pendant qu’il joue à côté de moi sur le tapis, entre deux parties de rigolade avec lui !

4- Ritualiser

A chaque séparation, on formule, on explique, on dit qu’on va revenir…
J’ai reçu le doudou continuum de @littlemilkypanda et j’ai pu l’utiliser comme outil concret pour ritualiser la séparation.

Le Doudou Continuum

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Petit objet breveté par la marque Little Milky Panda, le Doudou Continuum est, comme un doudou, un objet transitionnel pour aider à la séparation, sauf que celui-ci est pensé autour d’un rituel (et pour les bébés allaités, mais pas que).
J’adore les rituels, je crois que ce n’est pas une nouveauté, et j’ai donc été attirée par cette belle idée, qui en plus, me rassurait entant que maman, certes de trois enfants, mais qui laissait pour la première fois un bébé allaité.

Dès que nous l’avons reçu, nous l’avons présenté à Bébé magique (et ses frères se sont empressés d’investir l’objet également ^^)

Le Doudou est composé de trois pièces : une maman renard et deux bébés renards (y’a d’autres modèles tous aussi adorables les uns que les autres, mais moi ‘javais craqué sur celui-là alors j’ai attendu son retour en stock!). L’idée est de créer un rituel autour de ces doudous pour aider à s’illustrer la séparation, ou à faire accepter à bébé la tétée qui n’est pas à la source !

La dernière semaine

J’ai donc mis en place, à chaque tétée, le rituel autour de Doudou : pour notre séparation, c’est ce qui me stressait le plus, Bébé ayant fait la sieste avec son papa quelques fois sans besoin de sucion.

Je m’installais pour lui donner le sein, et prenais avec moi Maman Renard et Bébou-Renard.
« Regarde, Bébou, Maman Renard va donner la tétée ! »
Hop, je clipsais le bébé renard nommé « Bébou » au sein de sa maman.
« A ton tour mon Bébou à moi. A la tétée ! »

J’ai pu également proposer lors d’une micro-séparation physique (genre, la douche), à mon bébé de garder contre lui Maman Renard pendant que, moi, je prenais avec moi Bébou.

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Ce qui m’a bluffée ? Son attention. A chaque tétée : il suivait tout le petit rituel des doudous, avec cette intensité qu’ont les bébés pour s’imprégner.
Merveilleux et rassurant.

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Hors Doudou Continuum, j’ai continué à formuler dès que j’en avais l’occasion, que, vendredi je partirai, et qu’il resterait avec son papa et ses frères.

J’ai fait une petite méditation-apaisement la veille, pour ne pas lui communiquer mes peurs et inviter la sérénité à reprendre le dessus.

Pour finir, je lui répétais dès que possible les premières pages du livre « je t’aime tous les jours », comme un mantra. (Livre que j’ai utilisé pour mes fils à la préparation de 2 semaines de séparation en 2017 lorsque je suis partie au Vietnam) « Je t’aime tous les jours. Même ceux où je pars, car je reviens toujours. Peut-être pas tout de suite, mais quand même, très vite ».

Verdict

J’ai réussi à partir.
Si j’avais bien bossé en amont pour une séparation en douceur, et que j’étais plutôt excitée et apaisée à l’idée de cette nouvelle étape de notre vie, c’était sans compter la petite frayeur qu’il m’a faite quelques minutes avant mon départ. J’ai réussi à ne pas me faire submerger par mes émotions, et à vite reprendre le dessus : okay. Est-ce un message pour me faire abandonner mon projet, ou est-ce un ultime obstacle pour me montrer que nous sommes prêts?
J’ai décidé de voir le verre à moitié plein, et de ne pas me faire guider par mes peurs. J’ai choisi que c’était mon boss de fin de niveau, et je suis partie, en faisant toute confiance à mon mari.

Et comme ça ne se passe JAMAIS comme on a prévu, Bébé Magique a piqué du nez quelques minutes avant mon départ, alors, avant qu’il ne sombre dans les bras de Morphée (et de son papa), je lui ai dit qu’à son réveil je serai partie, mais que je reviendrai vite. Quand je suis partie, pendant qu’il dormait, j’avais un peu le coeur serré, et je lui ai répété, que je partais, que je l’aimais, et que je revenais le lendemain.

J’ai cru que j’allais pleurer comme une madeleine, mais non. J’étais secouée, déstabilisée, sans repère, mais pas dévastée. Sur moi aussi, cette préparation avait eu un impact.

Débrief avec Papa

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Je sais qu’il ne me dira jamais si c’était la crise, parce que ça ne servirait qu’à me culpabiliser et nourrir mes croyances limitantes.
Mais j’ai confiance en sa sincérité, et j’aime à croire que tout s’est vraiment bien passé.
Bébé a accepté de boire à la soft cup, même au biberon à un moment !
Il a mangé solide à fond les ballons, et n’a pas eu de pleurs inconsolables. S’il a pleuré de fatigue (comme il le fait avec moi), Papa ne s’est pas senti déstabilisé, et a bien entendu que ce n’était pas « un manque de sa maman » mais bien son corps qui était HS.
Le doudou continuum lui a surtout servi de réconfort « Maman Renard » comme un doudou traditionnel, mais le rituel au repas n’a pas été nécessaire pour l’inviter à manger, apparemment ! 🙂
Et, cerise sur le gâteau, Bébé a fait sa nuit : 21h-8h30 !

Conclusion

Je suis fière de nous ! Nous nous sommes assez préparés pour que tout se passe smooth.
Et cette tétée de retrouvailles a été, avec la toute première, la plus douce, la plus agréable, et la plus mémorable de notre aventure lactée !

P.S : Au s’cours les boobs

J’ai oublié de parler de mes seins au bord de l’explosion ^^’ C’est bon à savoir quand t’es pas habituée ! Alors ouais, j’avais anticipé et tiré du lait que j’avais mis au congélateur, mais … J’avais pas pensé au fait que j’aurais eu besoin de drainer mes boobies ! Heureusement, deux jours avant le départ, Bébé Magique m’a fait une méga-nuit et j’ai constaté que j’étais à la limite de l’engorgement (quel soulagement, cette tétée !) Dans le doute, j’ai commandé à la va-vite un tire-lait manuel : ben ça m’a sauvée les seins hein ! J’ai tiré 4 fois, de petits flacons de lait que j’ai dû jeter avec amertume (pas sûre que ça fasse du bon engrais mais bon, les plantes ont été arrosées ^^), et j’ai quand même dû prendre un anti-inflammatoire au petit matin, réveillée par mes seins tout solides ! C’est bon à savoir si t’as jamais expérimenté ça. Le p’tit tire-lait d’appoint, ça peut faire du bien ! (mais mal aux poignets haha). En tout cas, mes neveux m’ont regardée avec curiosité !