C’est la nouvelle pression du moment.
MOMPRENEUR.
Ce mot qui enferme à lui seul une oxymore.
Tu sais, c’est le terme qui combine le fait d’être chef d’entreprise et parent à la maison.
Donc en fait, tu dois faire tourner ta boîte, créer du contenu, être disponible pour tes clients, ET, dans mon cas de mère maternante proximale et allaitante, être disponible psychiquement et physiquement pour ton enfant. Qui, chez moi, a 17 mois (soit 1 an et 5 mois pour ceux qui n’aiment pas calculer ^^’), et donc en pleine expansion du langage, des expériences vestibulaires, et donc dans cette phase de fusion “j’ai besoin d’être sécurisé pour être capable de me lâcher”. Ah, et bien sûr, on entre dans les phases de frustration, car parfois, y’a un monde entre ce qu’il cherche à faire et ce qu’il arrive à faire du premier coup.
Bref, dans mon cas de figure, être Mompreneur, c’est impossible.
Tout est une question de jauges j’imagine. De valeurs aussi.
Je l’ai accepté il y a déjà quelques temps, quand mon mari s’est retrouvé à la maison pour s’occuper de notre fils, la logistique des allers retours de nos grands, l’administratif et la logistique qu’a demandé la présence d’une personne non autonome chez nous, et qu’il m’a balancé :
“t’as jamais été mère au foyer » 😱

Sur le coup je me suis raidie, mais je l’ai laissé continuer sa pensée :
« … Parce qu’être parent au foyer, c’est un boulot à temps plein pour lequel on n’a pas l’occasion de faire quoique ce soit d’autre. Tu n’as jamais été maman au foyer : Tu as été photographe avec tes enfants en garde. Tu as été assmat avec tes enfants dans les parages et des bouquins à écrire entre les siestes. Tu as été autrice avec tes enfants à charge, et enceinte. Tu n’as jamais juste été maman, à gérer « uniquement » le quotidien. Tu as toujours travaillé à te trouver des clients, à créer tes produits. Non, définitivement, tu n’as jamais été juste mère au foyer. »
Et ça m’a frappée. J’ai compris mon craquage de mars 2018.
C’est parce qu’on dénigre la place de la femme dans sa maison qu’on essaie de se rentabiliser en disant « non mais je travaille… De chez moi ». Qu’on essaie de rameuter un peu d’argent par principe ou par fierté. Qu’on se dit “tiens, puisque je ne peux pas aller travailler avec mon gros bidon de 8 mois, autant gagner quelques kopecks…”
Mais avec l’éducation qu’on a choisi pour nos fils, cette façon de les accompagner en conscience, cette énergie dépensée déployée pour leur assurer une certaine sécurité…

Est-ce compatible?
Quand tu entends le réveil sonner pour aller chercher les enfants alors que t’étais dans ta vague créative et que tu es coupée dans ton élan. Quand tu reçois un mail qui te déconcentre et auquel tu penses en donnant le bain. Quand tu es en train de donner la tétée, et que tu penses à ton prochain achat d’enveloppes en pack de 10.
Quand tu ne peux pas t’empêcher de répondre à un mp sur insta qui te parle d’une commande, et qu’il est 22h (oui bon t’as qu’à pas être sur insta à 22h).
Je ne peux pas être Mompreneur, parce qu’être Mom, c’est déjà trop prenant.
Je ne peux pas être mère et entrepreneur parce que quand je suis chez moi, ce n’est jamais la priorité de travailler.
En fait, c’est la frustration assurée. Tu sais jamais combien de minutes tu as devant toi, combien de fois tu seras interrompue.

Quand j’ai écrit ce billet, avec ce ton un peu « ras la casquette », j’étais encore salariée en crèche. J’étais donc salariée 30h/semaine avec des allers retours quotidiens et des horaires pas super typiques qui variaient d’un jour à l’autre, mère proximale ET entrepreneure. J’ai ralenti au max (par exemple je me suis interrompue dans mes projets personnels, notamment ma collection de livres de yoga) mais je ne pouvais pas m’arrêter : 1) J’étais engagée, j’avais signé en maison d’édition et je devais remettre un manuscrit à une date précise, 2) C’était ma soupape : créer, avoir cet espace rien qu’à moi, ma bouée et mon moment quali à moi.
Quand on était encore dans notre appart, papa Kao, était un meilleur père au foyer que j’aie jamais été. Être psychiquement présent pour ses enfants c’était sa priorité depuis la fin de son CDD. Moi, c’est souvent ce que je cherche à atteindre mais je n’y arrive pas. Parce qu’il y a toujours à faire, à côté. Il y a toujours un truc à avancer. Quelque chose à bidouiller. Pour lui, il n’y a pas de demi-mesure : SOIT tu es pleinement avec ton enfant (ou tes enfants), SOIT tu fais autre chose. Les deux, ce n’est pas compatible.
Et c’est contre ça que je me bats quotidiennement. Je veux lui prouver qu’il a tort, parce que je ne PEUX PAS choisir. Je ne veux pas choisir.
Je veux être cette mère proximale ET cette chef d’entreprise.
Je sais qu’il a raison. Mais il y a bien un moment d’arriver à ne pas renoncer à l’une part ou l’autre, en aménageant ?

Depuis qu’on est dans notre nouvelle maison, je suis cent pour cent chez moi, et dix pour cent présente psychiquement. J’ai emménagé en étant en plein burn out, arrêtée au travail : La tête au fond du seau à l’origine, pour finalement se retrouver tout là-haut dans les oiseaux : je ne me suis pas rendue disponible pour ma famille pendant de longues semaines. Un coup par dépression, un autre coup par passion.
C’est vrai, on devrait être mieux organisés, plus apaisés, dans notre maison. Alors pourquoi est-ce que ça ne colle pas, ce rythme-là ?
La vérité c’est qu’on a chacun des impératifs à faire (sans bébé) et chacun nos propres priorités. Lui, la maison, moi, mon entreprise.

Alors, on s’est posé. On a réfléchi.
Force a été d’admettre qu’il n’avait pas tort (sans pour autant lui dire qu’il avait complètement raison car, non, je ne vais ni arrêter d’allaiter, ni éduquer mon enfant au sommeil pour me libérer des créneaux. Je vais juste alléger la pression.)
Arrêter de dire que je suis mumpreneur, c’est arrêter de me foutre un quête à la perfection insidieuse, qui signifierait (de mon point de vue) devoir assurer de front deux rôles dont la présence et l’investissement demandent toute notre énergie et notre temps.
Je dis plutôt que je crée mon entreprise et que mon bébé m’accompagne dans cette aventure. Je n’ai pas de deadline, je n’ai pas de pression. Je suis le flow de ma créativité, et j’adapte.
Faire un p’tit planning pour savoir quand mon mec se détache, et quand c’est mon tour. Le plus compliqué, c’est d’honorer ce planning, mais bon.
Se sentir une équipe, et pas deux adultes aux besoins intenses qui s’opposent, c’est tout le travail de notre quotidien.
Je ne suis pas mumpreneur, nous sommes des parentrepreneurs passionnés, engagés, et animés.

Pour l’avenir, je me promets d’arrêter d’employer ce terme qui m’angoisse, parce qu’il me met une double pression : celle d’être la mère au foyer que je rêve d’être, et le chef d’entreprise que je rêve d’être, mais simultanément et sur seulement des jours de 24h. J’essaie aussi de mieux communiquer mes besoins et mes frustrations, et de dialoguer un max en CNV (sans rejeter la faute sur la seule personne qui peut se la prendre en pleine face, a.k.a mon conjoint).
Nos actions concrètes :
- On se prévient mutuellement quand on veut avancer quelque chose de précis (et on se donne une heure deadline)
- On sait dans notre journée quels sont les horaires où c’est MORT et on n’essaie pas d’entreprendre à ce moment-là
- On s’aménage chacun des temps de qualité avec notre bébé, et pour recharger les batteries, et pour créer des moments complices, et pour que l’autre puisse avancer sereinement
- On ne s’impose pas d’objectifs et de deadlines trop frustrants, on reste souple sur ce que l’on compte mettre en place
- On respire un coup et on se rappelle qu’on a le quotidien qu’on s’est choisi et qu’il répond à nos valeurs <3
- On s’offre des temps de qualité en couple, parce que c’est essentiel pour ne pas oublier la base même de tout ça.

Et j’invite les femmes qui travaillent de chez elles à reconsidérer l’équilibre qui leur convient à ELLES et pas à ce que nos vieilles croyances nous dictent.
C’est pas parce qu’on est à la maison qu’on doit se sacrifier.
C’est pas parce qu’on n’est pas salarié qu’on vaut moins.
C’est pas parce qu’on est une femme que nos besoins passent après ceux des enfants et du mari.
C’est pas parce qu’on disponible pour notre enfant qu’on est à sa disposition.
Et toi, comment gères-tu ton équilibre pro/perso ?
Prends soin de toi, toi la maman, toi la femme, toi la cheffe
🌻✨
Oh la la !!!
Mais cet article, pfiou !! Il me « met une claque » (bon OK c’est pas du tout NVEO)!
Clairement, en pleine création d’entreprise, je suis lente… Parce que oui j’ai aussi mes enfants (bon clairement pas tout le temps puisqu’il y a école et crèche) et ma maison ! Et en effet, je ne PEUX PAS être sur tous les fronts tout le temps ! Et l’un empiète sur l’autre bien souvent dans mon cerveau !!
Et mon mec en plein burn out ne se sent bien que lorsqu’il pense « reconversion » qu’il avait mis en stand-by pour me laisser le temps de créer ma boîte….
Bref, je vais lui faire lire ton article et je te dis mille fois merci Ariane !
❤️
Pfiou!
Je retiens prendre soin de soi. Etre indulgent avec soi-même. Ne pas se mettre trop de pression.
C’est ce que je vais essayer d’appliquer.
Et en plus, je suis certaine que j’aurais plus d’énergie et de clarté et que du coup, je serais plus efficace sur tous les fronts !
Merci pour cet article