En triant mes projets en cours, je suis retombée sur ce texte écrit pour un concours en 2018 (que j’ai zappé d’envoyer xD)
J’me suis dit que ce serait bien de le déposer ici.
Bonne lecture !
Mots d’homme en amour
Dans notre chambre, on sentait encore l’odeur flottante du café de midi. Les stores étaient tirés et, sur sa peau, je pouvais voir se dessiner des rayures, laissées par le soleil qui s’immiscait où il pouvait.
Elle était déjà assoupie, allongée sur le côté, dos à moi, et je regardais son flanc se soulever dans une respiration profonde, pour retomber comme un soupir.
Mes yeux balayaient ses courbes et je ne l’avais jamais vue plus belle. Elle ne portait que sa peau jusqu’au nombril, et le drap recouvrait son intimité, avec une pudeur amusante, puisqu’il y avait longtemps que son corps m’était familier.
Alors que les oiseaux chantaient sur notre balcon, j’entrepris avec douceur de passer la pulpe de mes doigts le long de sa nuque.
J’avais simplement envie de me rappeler ses lignes, même les yeux fermés. Elle fut parcourue d’un petit frisson qui ne la réveilla pas. Sous mes doigts, je sentais de petites bosses qui en témoignaient, et je continuais de parcourir le rebord de son enveloppe, la falaise de ses côtes.
Ma main effleura quelques mots encrés en elle et je caressais son ventre. La ligne en son milieu était encore un peu visible. Je sentais bien comme un vide en elle, comme une force invisible aussi. J’éprouvais à la fois de l’admiration, de l’envie, et je ressentais un fort besoin de la protéger. Sur le haut de sa cuisse, un peu comme si elle me parlait en braille, sa peau avait une texture différente. De petites cicatrices récentes. Des rouges et des blanches, mêlées à la lumière du soleil, qui s’invitait à cette caresse. Une merveilleuse oeuvre d’art de la nature.
Je me suis alors allongé tout contre elle. J’ai passé mon bras par-dessus sa silhouette endormie, et j’ai posé ma main sur le matelas.
Une petite pince m’a agrippé avec une telle volonté. J’ai souri.
La maman louve dormait, son bébé au sein, ivre de son lait ont, et, moi, pour achever ce tableau d’une beauté à couper le souffle, je les étreignais de tout mon cœur, en espérant qu’ils entendaient comme je les aimais, comme j’étais fier et comme je trouvais cette peau blessée, ce corps changé, plus magnifique que jamais.
J’ai murmuré dans un souffle, à la belle lactée dormant :”tu as bien mérité tes rayures, ma merveilleuse déesse. Repose-toi, je veille sur nous.” Malgré la fatigue, je ne pouvais me résoudre à fermer les yeux, face à la cartographie maternelle qui se présentait à moi. Alors, dans le doux silence secoué par de profondes respirations, j’apprenais par corps les montagnes, les ruisseaux, les rochers, les vallées, et toute la magnificence d’une peau renaissant après l’enfantement.
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