Grande question (merci de l’avoir posée), et je n’ai pas la réponse, mais je fais tout pour. Voici comment ça se passe chez moi, du coup.
Parce que je pense que si on agit pour briser le cycle, alors on ne transmettra pas sa névrose ! Notre enfant nous voit. Soyons vulnérable face à lui et ne le prenons pas pour moins malin qu’il ne l’est.
Chez moi, les crises, ça se passe toujours de la même manière :
- Je suis heurtée, je ne suis pas capable de recevoir, j’attaque (je crie, je tape du poing sur la table, j’agresse..)
- J’envoie du stress à tout le monde
Parfois, j’ai un tout p’tit peu de jauge disponible, et je peux dire “chéri, relais” et je m’éloigne. C’est pas forcément top non plus, parce que l’enfant peut se sentir “rejeté”, dans le sens où il voit que je suis pas en état et que j’ai besoin de m’éloigner (mais il voit aussi que je le fais pour ne pas avoir une réaction injuste)

Mon mari est très réactif pour prendre le relais en cas de crise (il a les signaux bien sensibles aussi, donc il sait quelles sont les situations qui risquent de virer au rouge, il est sur les starting blocks) : le danger, c’est que lui non plus ne réagit pas forcément de la meilleure manière, car, comme il me voit souffrir et que ça lui fait du mal, comme certaines fois y’a pas de répit, c’est sans cesse, plusieurs fois par jour etc, ça vide ses jauges personnelles également, il peut être amené, lui, à s’en prendre aux enfants avant même que je dégoupille, pour essayer de désamorcer, anticiper, et ne pas que je me sente mal (mais finalement, je me sens quand même mal car il a râlé sur mes fils A CAUSE de moi et de mes névroses, et on aurait pu s’éviter ça, si je réussissais à guérir plus vite blablabla autoflagellation de l’espace)
Notons donc dans cette histoire que chacun est humain, fait au mieux avec ses ressources perso, la manière dont ça l’impacte aussi, et ses propres jauges !
- La décharge de pression arrive, je m’éloigne, je pleure, je relativise, je “ho’oponopono”,
- J’ai besoin en général qu’on me dise que je suis une mère atroce (ce qui n’arrive jamais), j’ai besoin qu’il me valide dans ce que je pense de moi, qu’on me confirme que je suis un être abominable. Quelque soit ma valeur sûre (soeur, amie, mari), jamais elle ne me confirme ce que je pense de moi. Elle m’entend. Elle ne me rassure pas non plus. Et sa posture neutre m’aide à me rappeler que, non, je ne suis pas quelqu’un de mauvais mais quelqu’un qui a vécu des choses mauvaises, et un jour, j’arriverais à incarner pleinement la déesse que je suis.
- Puis, je reviens. Je m’explique. Je m’excuse. Une étape essentielle dans ma manière d’accompagner mes enfants.
- Il y a une étape où je cherche des solutions pour la prochaine fois. Ça arrive que cette étape se fasse seule, avec mon mari, avec mes enfants, aussi. Parfois ils sont force de proposition et c’est très doux. Ça permet de prendre du recul, ça permet aussi de se rendre compte qu’on fait pas tout mal, et ça permet de voir les choses sous un autre angle (et de se reconnecter après une embrouille)

Astuce Ocytocine
J’en parle souvent, mais c’est vraiment un ptit tip qui peut aider simplement !
UN SHOT D’OCYTOCINE contrebalance le cortisol (l’hormone du stress) et peut clairement permettre d’inverser la tournure que prennent les choses sous stress.
Ici une liste de ptits trucs simples à dispo en deux secondes pour générer de l’ocytocine
Pour moi, les 4 trucs les plus “faisables” quand t’es face à ton enfant (mettons) et que t’as envie de péter les plombs, en toute circonstance, n’importe où :
- Décharge avec la posture du bûcheron (oui, t’auras l’air con en pleine rue, mais ça s’trouve, ça fera même rire ton enfant et recréera le lien qui s’effiloche sous la dispute) A ne pas faire si tu portes un bébé en écharpe, haha XD A la place, fais le guerrier en poussant des cris de samouraï, pars sur du fun !
- Danse ! Même sans musique, mets-toi à chantonner un truc, quitte à dire “mon enfant ne veut pas manger sa souuuupe, ça me saouuuulleee, j’aimeraiiiis qu’il arrête de faire du boudiiiiin”
- Touche-toi le visage, le lobe d’oreille, l’intérieur de la main… ANCRE-TOI : tu es là, dans ton corps, dans ton présent, tu es en sécurité.
- Inspire, Expire, et formule dans ta tête ou à voix haute, de façon neutre, ce qui se passe “Ce sont les pâtes qui font du bruit dans la bouche de mon enfant, tout va bien. Je suis en sécurité’

Ouais, comme tu peux le voir, la notion de sécurité, chez moi, c’est vraiment là où c’est pas stable ^^ J’me le répète très souvent. Je ne crains plus rien, je suis dans une safe place.
C’est difficile d’assumer qu’on est vulnérable, qu’on n’est pas toujours au top, mais à l’instant T on fait au mieux. C’est une phrase que moi-même je ne crois pas au moment où j’agis mal, mais c’est vrai. A ce moment-là je n’avais pas les ressources. Alors, tout mon travail consiste à conserver mes jauges au vert.
J’sais pas si tu joues aux sims, mais moi c’est mon image mentale ! Comme ces petits bonshommes, il faut que mes jauges soient au vert : le sommeil, la satiété, l’hydratation (très importante), le lien social, le confort, la sécurité, le divertissement etc. Et j’ai donc une jauge “ocytocine” que je conserve verte la plupart du temps et que je reremplis tres tres souvent !

Dans le rouge, les personnages ne vont pas bien, ils peuvent même en mourir ! Tout le monde en a, dans la famille, mais nos jauges à nous sont prioritaires car, si les nôtres sont rouges (ou vides), on n’aura pas l’espace psychique pour accueillir le vide de celles de nos enfants. Tu ne remplis pas avec du vide, CQFD.
Et puis, les enfants vont venir taper dans nos jauges quand ils vont partir en crise, donc si elles sont quasi vides, ben, on n’arrivera pas à réagir. Alors que si elles sont remplies, ça ne va se vider qu’un petit peu, et ce sera ok ! On aura l’espace pour sécuriser et accompagner l’enfant, et se recharger ensuite <3
On sait que les enfants ne peuvent pas différer (jusqu’à un certain âge, et que même passé cet âge, c’est toujours sensible… déjà que chez nous c’est pas ouf), donc il ne s’agit pas de penser qu’à sa pomme sans jamais prendre en considération les besoins urgents de nos enfants. Mais, de réussir à maintenir ses propres besoins assouvis pour mieux accueillir, dans l’urgence, ceux de nos petits 🙂
Attention, si les enfants sont grands, ou ont une requête qui peut attendre (genre “maman tu peux aller me chercher une serviette de table ?” alors qu’il a 7 ans) tu peux le responsabiliser, le rendre autonome en l’invitant à y aller lui même, voire te respecter en disant “je termine ma bouchée, et j’y vais. Pendant que je suis dans la cuisine, envie de quelque chose d’autre ?”
Pour finir (après ces 4 billets liés), j’ajouterai que nous avons toutes notre propre chemin, et que l’important, c’est de prendre conscience que nous sommes de belles guerrières, combattant pour un monde plus doux et plus juste, combattant, non pas l’arme au poing, mais le coeur dans la main.
La violence, ça s’arrête avec nous !
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Merci pour cztte transciption Ariane. C’est aussi fort et percutant que lorsque je l’avais écouté 💙🙏🏼